Sommaire Place publique # 34

juillet-août 2012
LE DOSSIER

Nantes et le muscadet : la fin du dédain

• Raphaël Schirmer : « Un très ancien déficit d’image »
Longtemps, les élites nantaises ont fait la fine bouche devant leur vignoble. Rien de comparable aux échanges mutuellement fructueux entre Bordeaux et son arrière-pays viticole. Ce divorce est la cause majeure de la médiocrité qui fut longtemps attachée au muscadet. Mais les choses sont en train d’évoluer. Nantes est-elle en passe de jeter sur son vignoble un regard neuf ?
• Thierry Guidet Le muscadet, vin de gastronomie
Présent dans les meilleurs restaurants du monde, reconnu par la critique, le muscadet peut être un vin de gastronomie. Ses progrès qualitatifs sont l’un des plus sûrs moyens de voir les Nantais l’apprécier et en être fiers. Mais quoi de plus lent que la mutation des images et des sensibilités ?
• Nicole Croix et Michèle Guyvarc’h Les mots du vignoble nantais
De Abouriou, ce cépage récemment importé dans le Vignoble, à Viticulture raisonnée, voici un glossaire réalisé par deux géographes, une Nantaise et une Angevine. Elles ont voulu répondre à la plupart des questions que peut se poser tout amateur de muscadet et de gros-plant un peu curieux, présenter quelques clés pour comprendre la construction et l’évolution du Vignoble, montrer ses liens avec Nantes, combattre quelques idées reçues, apporter quelques analyses peu connues… Bref, aider à comprendre la civilisation des vins nantais qui reste largement à étudier.
•  René Bourrigaud Le Vignoble dans la lutte des classes
À la fin du 19e siècle, le conflit entre propriétaires et colons de vignes à complant et la création de syndicats de vignerons jettent une lumière inaccoutumée sur les rapports entre la ville et le Vignoble. Dans une région marquée par la Contre-Révolution, la peur du socialisme venu des villes a été un puissant ressort chez les propriétaires fonciers et le clergé pour susciter la création de syndicats, mutuelles et caisses de crédit agricoles. Pas question de «perdre » la paysannerie comme l’avait largement été la classe ouvrière au 19e siècle.
• Eric Pessan Je cours à travers vignes
• Olivier Chupin Le Vignoble a reculé de 15 % en dix ans
•  Rachel Suteau Voyage dans le Vignoble, au pays du Grand dialogue
Admirer les paysages de vignes. Comprendre le travail des hommes. Pousser les portes d’un château ou d’une maison vigneronne. Et puis, surtout, boire le vin. Le Vignoble est un patrimoine aux multiples dimensions, à portée de main.
•  Christine Margetic Mais par où passe donc la Route touristique du vignoble nantais ?
Il existe une très officielle « Route touristique du Vignoble nantais » depuis 1993. Mais trop longue, mal connue, manquant de continuité, elle n’incite guère les Nantais et les touristes à sillonner les vignes.
• François Robin Tiraillé entre la Loire et l’océan…
Pas facile de communiquer sur un vin aux multiples facettes, au terroir diversifié, à l’image tantôt ligérienne tantôt océane, au rapport complexe avec sa ville… Mais le travail de reconquête est en marche.
• Pétronille Perron Les images changeantes des vins de Nantes
Un vin de vacances ou un vin de gastronomie ? Seulement dédié aux fruits de mer ou capable d’accompagner des mets plus élaborés ? Exceptionnel ou de tous les moments ? L’histoire des campagnes de communication menées autour des vins de Nantes témoigne bien des hésitations des professionnels eux-mêmes sur la nature et l’image du muscadet et du gros-plant.
Revoyez vos clichés !
« Muscadet, revoyez vos clichés ! ». C’est le titre, bien trouvé, d’une exposition de photos présentée pour la première fois au cœur de Nantes, passage Sainte-Croix, lors du printemps dernier.
À l’origine de cette initiative, trois étudiants en BTS viticulture et œnologie à Briacé : Brieg Clodoré, Marion Hythier, David Landron. Leur objectif : renouveler le regard que le public, et notamment les citadins, porte sur les vignerons. Et, au-delà, bien sûr, aider les Nantais à revoir leurs clichés sur le muscadet et ceux qui le font.
Ils ont travaillé avec l’association Les Vignes de Nantes (voir p. 15) et trois photographes : Christophe Bornet, François Darbé et Tara Dévaud. Ceux-ci ont tiré le portrait des vignerons membres des Vignes de Nantes. Pas question de les montrer en train de tailler la vigne, de sortir une pipette d’une barrique, ou bien de déguster au caveau. Non, tous ces professionnels sont montrés de manière inhabituelle, décalée.
Nous présentons ici quelques-unes de ces photos. En raison de leur qualité, bien sûr, mais aussi parce qu’elles sont le signe d’une volonté, bien conforme à ce dossier : celle de futurs professionnels du vin, celle de vignerons confirmés, de nouer une nouvelle alliance entre le vignoble et la ville.
• Nicolas de La Casinère Le coup du chapeau
SIGNES DES TEMPS
Thierry Guidet Bloc-notes
Critiques
Livres
La chronique d’architecture de Dominique Amouroux
La chronique de Jean-Luc Quéau
PATRIMOINE
La lettre J comme Jan-Kerguistel (Yves), Jardin des plantes, Jean-Bart (cuirassé)
Ratiatum, la ville gallo-romaine sur laquelle s’est construite Rezé il y a 2 000 ans, révèle ses secrets au fil des campagnes de fouilles archéologiques. Parmi les découvertes majeures, le quai monumental du port antique a été retrouvé l’été dernier à Saint-Lupien. Ce site exceptionnel accueillera un Centre d’interprétation et d’animation du patrimoine en 2014. En attendant, une exposition invite à découvrir les recherches archéologiques menées depuis les années 1980 dans le bassin de la Loire.
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Fils de capitaine au long-cours, Abel Soreau naît à Paimboeuf le 13 décembre 1845. À 20 ans, il est maître d’études au collège Saint-Stanislas à Nantes où son frère aîné, Henri est déjà professeur de dessin et est ordonné prêtre la même année. Abel accède à la prêtrise quatre ans plus tard, en 1869. Il enseigne d’abord comme titulaire de 8e puis de 7e en 1871, professeur de mathématiques l’année suivante avant d’enseigner l’allemand de 1873 à 1909, comptant, avec 44 ans, l’un des records de longévité dans l’établissement.
Abel Soreau est aussi musicien et photographe ; il laisse, après son décès en 1909, une collection de 4 000 clichés sur plaques de verre : « son œuvre photographique est considérable par le nombre et par le sens, par le talent et l’amour avec lesquels cette vaste investigation fut conduite », a-t-on déclaré à sa mort. La moitié des vues concerne Nantes et la Loire-Inférieure ; si Abel Soreau privilégie le paysage ou le monument, de nombreuses vues représentent cependant des scènes animées. Plusieurs dizaines de clichés représentent le collège Saint-Stanislas, ses bâtiments et la vie scolaire qui s’y déroule, ce qui se comprend parfaitement pour un ecclésiastique très attaché à l’établissement où il enseigne et réside.
Le collège Saint-Stanislas est, à la fin du 19e siècle, l’un des principaux établissements d’enseignement de la ville de Nantes. Créé en 1829 à l’initiative de l’évêque, Mgr de Guérines et de son secrétaire l’abbé Angebault, c’est à l’origine une « pension dirigée par des ecclésiastiques pour des enfants de milieu aisé », destinée à leur donner une instruction élémentaire et à les préparer aux études classiques. Saint-Stanislas recrute surtout dans le milieu légitimiste qui se méfie du collège royal (actuel lycée Clemenceau). Les deux tiers des élèves sont nantais, le reste vient du département et même de l’outre-mer.
C’est sous le Second Empire que l’établissement se développe d’une manière significative, de nouveaux bâtiments sont même construits pour accueillir les 200 élèves auxquels on dispense un enseignement de haut niveau, complété à partir de 1876 par des disciplines « accessoires » : théâtre, musique vocale et instrumentale, escrime. Pour cette dernière, on a recours aux services d’un maître d’armes civil ; à la même période, on pratique aussi la gymnastique, ou on joue dans la musique créée en 1871 sous la direction d’un ancien militaire, le sieur Gurly. Au début de la 3e république, la gymnastique entre dans les programmes d’enseignement, sur fond de nationalisme et de patriotisme. Si les « bataillons scolaires » disparaissent rapidement, les sociétés conscriptives se développent. L’enseignement catholique n’est pas en reste pour ne pas être tributaires des amicales laïques. En 1898 est créée la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France. Les photographies d’Abel Soreau témoignent de ces préoccupations mêlant activité physique et vie chrétienne, sous la devise « Dieu et patrie », enseignant le culte du drapeau et préparant de futurs soldats.

Crédit photos : Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique
CONTRIBUTIONS
Résumé > De nombreux élèves visitent le Mémorial depuis son ouverture, en mars. Ils éprouvent le plus souvent un choc émotionnel qui doit être prolongé par un apport pédagogique. La découverte du Mémorial est complémentaire de la visite des salles du Musée d’histoire de la ville consacrées à la traite négrière.
Résumé > Les succès réguliers de la gauche dans le Grand Ouest coïncident désormais avec l’accès de ces leaders à des postes de premier plan à l’échelle nationale. Cette récompense d’un modèle régional a pour effet, à son tour, de le conforter. En témoignent les remarquables résultats obtenus par la gauche aux législatives. La droite en déroute doit se donner de nouveaux dirigeants régionaux, mais aussi complètement repenser son identité et ses alliances. La droitisation sarkozyste n’ a guère eu de succès dans l’Ouest. Mais un tel examen de conscience sera une tâche de très longue haleine.
INITIATIVES URBAINES
Nous poursuivons une suite de portraits-entretiens engagée il y a trois ans dans Place Publique en compagnie des architectes-urbanistes ayant exercé à Rennes et Nantes. Dans cette nouvelle série : nous sommes toujours entre les deux métropoles, en nous intéressant plus particulièrement aux architectes dont l’activité est dominée par la construction. Des architectes entre 40 et 50 ans, disons dans « la force de l’âge », et dûment domiciliés au sein de l’une des deux grandes villes de l’Ouest. Après Clément Gillet, Michel Bertreux et Patrick Moreuil, place au duo rennais formé par le père et le fils, Jean-Luc et Maxime Le Trionnaire, 63 et 33 ans, associés depuis 2010 avec deux autres confrères au sein de l’agence a/LTA.
Résumé > Les ScoT, les schémas de cohérence territoriale, sont un sigle familier aux élus et aux professionnels de l’urbanisme. Beaucoup moins aux simples citoyens. Cette volonté de maîtriser l’avenir des territoires a pourtant des effets directs sur la vie quotidienne : où puis-je faire construire ? Où s’implanteront les usines et les magasins ? Comment seront préservés les espaces naturels ? Y aura-t-il encore des exploitations agricoles aux portes de la ville ? Le ScoT de la métropole Nantes/Saint-Nazaire et la Fédération nationale des ScoT accueillent les 28 et 29 juin des Rencontres nationales à Nantes. C’est l’occasion d’expliquer ce que sont les ScoT en général et le nôtre en particulier. Et de donner la parole au président de la Fédération nationale, Michel Heinrich qui rappelle combien l’espace est devenu un bien rare et les ScoT un outil précieux pour en faire le meilleur usage
Résumé > Désillusion généralisée ou prise de conscience du décalage inévitable entre les ambitions et les réalités ? Bref, dans quelle mesure les ScoT peuvent-ils organiser l’avenir ? À cette question qui sera le fil rouge des Rencontres nationales, le président de la Fédération nationale des ScoT esquisse quelques réponses.
Marc Dumont est maître de conférences en aménagement urbain. Il est membre du laboratoire Eso-Rennes (Université de Rennes 2) et du Laboratoire LAUA (École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes). Il est membre du comité de rédaction de Place Publique Rennes.
Une ville / un écrivain
Les élèves du lycée Alfred Nobel de Clichy-sous-Bois avec Tanguy Viel A Clichy-sous-Bois, ce jour-là
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