Édito : L’aéroport, le savoir et la croyance
LE DOSSIER
L’aéroport, le savoir et la croyance
Résumé > Depuis plus de quarante ans, le projet d’aéroport est un des sujets majeurs des quotidiens nantais, Presse-Océan et Ouest-France. Relire tous ces articles est une bonne manière de mesurer l’évolution du dossier, des argumentaires, du jeu des acteurs. À travers les crises et les changements institutionnels des décennies passées, ces articles1 sont un formidable révélateur des débats sur notre territoire et sur sa gouvernance.
1965. Le préfet de Loire-Atlantique décide d’entamer « la recherche d’un nouveau site aéronautique pour les régions Bretagne et Pays de la Loire ».
1967. Le Service technique des bases aériennes se prononce pour un site situé au nord-ouest de Nantes, dans une zone comprise entre Vigneux-de-Bretagne et Notre-Dame-des-Landes.
1970. Le Comité interministériel d’aménagement du territoire approuve le schéma directeur métropolitain où figure le projet de construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
1972. Création de l’Association de défense des exploitants concernés par l’aéroport.
1974. Création d’une Zad (zone d’aménagement différée). Le Département achète des terrains dans quatre communes : Notre-Dame-des-Landes, Vigneux-de-Bretagne, Grandchamp-des-Fontaines, Treillières.
1976. Publication de Dégage ! On aménage…(le Cercle d’Or) de Jean de Legge et Roger Le Guen, un livre qui voit « matière à scandale » dans le projet.
1992. Plusieurs collectivités commandent une étude pour comparer le site de Notre-Dame-des-Landes à d’autres implantations possibles dans des départements proches. L’étude confirme le choix initial.
2001. La Commission nationale du débat public décide le lancement du débat.
2002. Création du Syndicat mixte d’études de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
2003. De décembre 2002 à mai 2003, le débat a lieu sous la présidence de Jean Bergougnoux. Il porte sur l’opportunité, les objectifs et les caractéristiques du projet d’aéroport. Le débat conclut à la nécessité d’installer un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Le ministère de l’Équipement prend un arrêté mettant à l’étude le projet.
2004. Définition du périmètre et d’un programme d’études pour préparer l’enquête d’utilité publique.
2005. L’État et le Conseil général mettent en place un dispositif permettant aux propriétaires concernés de vendre leur habitation sans dépréciation.
2006. Mise à enquête publique et déroulement de l’enquête.
2007. Création de la Coordination des associations opposées au projet.
2008. En février, décret d’utilité publique. Il précise que le nouvel aéroport devra être de « haute qualité environnementale ».
2009. Des sondages géologiques sont pratiqués sur le site sous la protection de la gendarmerie.
« Camp climat » des opposants, au cours de l’été.
Le Conseil d’État rejette trois recours contre le décret d’utilité publique.
Trois candidats à la concession déposent leur offre.
2010. Le projet d’aéroport est l’un des enjeux des élections régionales, mais, au lendemain du premier tour, les socialistes et les écologistes, dont les listes fusionnent, parviennent à un compromis.
Résumé > Le tracé de la ligne de chemin de fer, la construction du canal de la Martinière, les comblements de la Loire, les projets d’extension de Donges-Est ou de construction d’une centrale nucléaire dans l’estuaire… Autant de grands dossiers d’aménagement qu’il est intéressant, dans un souci d’épaisseur historique, de mettre en relation avec le projet d’aéroport. Pour noter les ressemblances et les différences en termes d’échelle de temps, d’âpreté du débat, de part laissée au doute et au pari politique.
Résumé > Pendant longtemps le public a été tenu à l’écart des décisions sur les grands projets. Le droit français et international lui a progressivement ménagé une place, notamment par le biais de la procédure de débat public. Cela dit, le pouvoir de décider reste l’apanage des élus et de l’État, ce qui provoque d’inévitables frustrations quand les opinions demeurent inconciliables. C’est le cas dans l’affaire de Notre-Dame-des-Landes.
Résumé > La théorie des jeux, plus souvent appliquée en économie qu’en géographie de l’aménagement, permet cependant d’éclairer les choix des collectivités, Rennes et Nantes en particulier, à propos de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Coopération ou concurrence ? Les compagnies aériennes s’en mêleront certainement et de nombreux éléments peuvent entrer en ligne de compte. Mais, même si la coopération sera indispensable pour obtenir une ligne à grande vitesse, l’aéroport de Rennes – Saint-Jacques a beaucoup plus à y perdre qu’à y gagner.
Contexte > Comment se forge une conviction ? Comment soupèse-t-on les arguments ? Nous avons invité certains protagonistes du dossier à nous répondre par écrit.
Certains ont répondu à nos quatre questions. D’autres ont préféré s’affranchir de ce cadre.
Après plusieurs contacts pris avec son cabinet, le Premier ministre François Fillon a refusé de répondre, estimant que la formule du questionnaire était peu adaptée. De ce fait, le député maire de Nantes Jean-Marc Ayrault a lui aussi décliné notre invitation, puisque l’État, principal acteur, « se défaussait ».
Jean Goiset, le président de la Communauté de communes Erdre et Gesvres, où doit être implanté l’aéroport a, lui aussi, préféré s’abstenir.
Contexte > Nous avons demandé à un partisan du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et à un opposant d’exprimer leur vision de l’avenir. Pas de répéter une fois encore leur argumentaire, mais d’écrire une sorte de fiction, de scénario qui prendrait en compte les deux hypothèses : l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes voit le jour ou bien il reste à l’état de projet. Patrick Mareschal, président du Conseil général, mais aussi du Syndicat mixte d’études de l’aéroport a joué le jeu, tout comme le député Vert François de Rugy, par ailleurs conseiller municipal d’Orvault. Ce dernier n’a toutefois retenu qu’une seule hypothèse : l’abandon du projet. Les textes ont évidemment été publiés tels quels. Seuls les titres et les intertitres sont de la rédaction.

Patrick Mareschal > La fin du Far West
François de Rugy > Et l’appel d’offres fut déclaré infructueux…
LE DÉBAT
Contexte > Vers de nouvelles régulations territoriales : c’est le titre du rapport que le géographe Martin Vanier a rédigé pour le compte de la Région Nord/Pas-de-Calais. Il a pour cela mobilisé un groupe de travail, composé d’élus, de chercheurs, de cadres territoriaux qui a examiné à la loupe plusieurs exemples de relations entre les territoires, dont le cas de Nantes/Saint-Nazaire. Pour restituer les grandes lignes de ce travail consacré à l’interterritorialité et les mettre en débat, nous avons provoqué ce débat public. Il s’est tenu le 6 avril à l’École nationale d’architecture de Nantes et entre dans le cadre des manifestations organisées à l’occasion de l’exposition Petite Planète. Nous donnons un compte rendu condensé de ce débat. On peut en consulter l’enregistrement intégral – et notamment le dialogue avec la salle - sur notre site : www.revue-placepublique.fr

avec
Yves Daniel est maire de Mouais, conseiller général (divers gauche) du canton de Derval, vice-président du Conseil général
de Loire-Atlantique, en charge des Équilibres territoriaux et des Transports.

Stanislas Mahé est chef de la mission Nantes/Saint-Nazaire à la Samoa (Société d’aménagement de la métropole Ouest Atlantique). Il a été lui aussi membre permanent de l’atelier conduit par Martin Vanier.

Pierre Mansat est adjoint au maire de Paris (groupe communiste) en charge de la coopération métropolitaine. Il a été membre permanent de l’atelier mené par Martin Vanier.

Patrick Rimbert est le premier adjoint au maire de Nantes (Parti socialiste), vice-président de Nantes Métropole en charge des projets métropolitains.

Martin Vanier, géographe à l’université de Grenoble. Il vient de piloter une étude pour la Région Nord/Pas-de-Calais, intitulée « Vers de nouvelles régulations territoriales». Il est l’auteur de Le Pouvoir des territoires. Essai sur l’interterritorialité , co-édition Economica/Anthropos.
PATRIMOINE
Résumé > Ville récente, détruite puis reconstruite, Saint-Nazaire est pourtant riche d’un patrimoine remarquable du 20e siècle. Les pouvoirs publics et les habitants sont en train de le redécouvrir.
SIGNES DES TEMPS
Bloc-notes
Thierry Guidet

Critiques
livres
expositions
courrier des lecteurs

La chronique d’architecture de Dominique Amouroux
La chronique de Jean Théfaine
La chonique de Jean-Luc Quéau
CONTRIBUTIONS
Résumé > Quelle place la ville fait-elle à la mort ? Et les villes elles-mêmes, sont-elle mortelles ou bien se reconstruisent-elles sans cesse sur elles-mêmes ? Entremêlant ces deux thèmes et fournissant des données chiffrées peu connues, Jean-Marie Pousseur propose une méditation qui allie son expérience d’élu à son métier de philosophe.
Résumé > Germaine Tillion a traversé le siècle en femme engagée. Elle a toujours mené « une vie en actes de résistance », incarnant « une éthique de la pensée libre et rebelle ». Cette intellectuelle éclairée par ses connaissances n’hésitait pas à prendre des décisions toujours très lucides. Elle allait avoir 101 ans quand elle nous a quittés en avril 2008. Sa pensée reste très actuelle, singulièrement pour les Nantais qui profiteront prochainement des manifestations qui se préparent en Loire-Atlantique.
Résumé > Les Rencontres du fleuve et La Nature pourrait vous plaire1 sont deux manifestations originales. Au croisement des arts et de l’environnement, elles offrent une vision renouvelée de la Loire et de ses territoires et permettent de développer une politique culturelle s’adressant à tous.
Résumé > Le poids encore faible des Régions et la difficile constitution d’un espace de débat politique à cette échelle expliquent en partie la maigre mobilisation des électeurs. Mais on ne peut nier la signification politique du dernier scrutin. Il marque un nouveau recul de la droite qui peut nourrir bien des craintes sur son avenir dans le Grand Ouest. Il donne des espoirs à la gauche même si une victoire régionale n’augure pas forcément d’un succès national.
Résumé > Les 700 radios associatives, héritières des « radios libres » de 1981, jouent un rôle social de proximité irremplaçable sur l’ensemble du territoire. Et cela malgré un financement précaire. Aujourd’hui, elles souhaitent passer au plus vite à la radio numérique qui offre un plus grand choix et une meilleure écoute aux auditeurs. Mais elles se heurtent à la résistance des grosses radios commerciales. Ce sera l’un des enjeux du congrès du Syndicat national des radios libres qui se déroulera à Nantes au mois de mai.
INITIATIVES URBAINES
Contexte > Après Alexandre Chemetoff, Jean-François Revert et Nicolas Michelin, Jacques Ferrier est le nouvel invité de cette série consacrée aux architectes et urbanistes étant intervenus à la fois à Rennes et à Nantes.
Résumé > Le Conseil de développement de Nantes Métropole a été consulté sur l’élaboration du programme local de l’habitat. Et si l’on parlait de logement plutôt que d’habitat ? Et si l’on prenait davantage en compte les désirs des habitants ? Et si l’on prenait conscience de toutes les dimensions de la mixité sociale ? Ce sont quelques-unes des interpellations lancées par le Conseil aux élus.
Une ville / un écrivain
Marc Pautrel est né en 1967. Après des études de droit, il choisit de se consacrer à l’écriture. Il a publié Le Métier de dormir (Confluences, 2005), Je suis une surprise (Atelier In8, 2009) et L’homme pacifique (Gallimard, 2009). Il tient un blog d’actualité et un carnet quotidien d’écriture accessibles à l'adresse www.marcpautrel.net