Sommaire Place publique # 37
janvier-février 2013
LE DOSSIER Capitale verte de l'EuropePolitiques • Ronan Dantec : la récompense gâchée par la querelle ? Le titre de Capitale verte de l’Europe n’est pas une simple distinction honorifique. Cette reconnaissance de la qualité des politiques environnementales de villes européennes exemplaires est surtout un mandat qui leur est donné pour promouvoir le modèle européen de la ville durable et participer à la mutualisation des actions les plus ambitieuses. Vice-président de Nantes Métropole au moment de la sélection de la Capitale verte 2013, aujourd’hui sénateur, le Vert Ronan Dantec voit dans cette récompense le fruit d’une politique ambitieuse, menée dans la durée à Nantes, malgré la querelle entre écologistes et socialistes sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. • Paul Cloutour La reconnaissance du service public « à la nantaise » Même si Nantes est appréciée pour sa qualité de vie, elle n’est pas bénie des dieux. L’obtention du label Capitale verte est d’abord la reconnaissance d’un mode de gestion de la ville et de son agglomération, d’une conception du service public « à la nantaise » qui se manifeste dans bien des domaines : les déplacements ou la limitation de l’étalement urbain, la gestion des espaces verts ou la lutte contre le réchauffement climatique. • Jean-Paul Barbe Les leçons de Hambourg Il n’est pas facile de comparer les Capitales vertes. L’exemple de Hambourg est toutefois instructif. Malgré l’alternance politique, l’événement a tenu ses promesses même si deux sérieuses querelles environnementales continuent de diviser la population. Des « événements verts » ont attiré les foules et un réel effort de diffusion des bonnes pratiques a été mené. On aimerait d’ailleurs que, d’Année verte en Année verte, les Capitales vertes s’enrichissent de leur expérience mutuelle. • Vincent Béal Comment l’écologie a saisi les villes Les villes sont polluantes ; elles sont dynamiques. Deux raisons pour lesquelles les questions environnementales jouent désormais un rôle important dans les politiques municipales. Ce phénomène est apparu dans les années 1970 et s’est énormément développé au tournant des années 2000 avec la popularisation du thème du développement durable et la multiplication des Agendas 21 locaux. Mais les professionnels n’ont-ils pas pris le pas sur les militants ? Et la protection de l’environnement n’est-elle pas devenue avant tout un nouvel argument dans la concurrence qui se joue entre les villes ? Paysages • Yves-Marie Allain Paysages urbains: la ville est faite pour les hommes Parler de paysage, c’est faire référence au regard posé par l’homme sur le territoire qui l’environne. A fortiori quand on parle de paysage urbain, une expression apparue au 19e siècle, à un moment où les villes se transforment en profondeur. À cette époque, apparaît une volonté de création paysagère, donnant une place éminente à l’arbre, qui reste à l’échelle humaine dans la démesure des villes. Mais on aurait tort de confondre paysage et nature. En ville comme ailleurs, le paysage reste bien une création culturelle, au croisement de l’histoire et de la géographie • Olivier Rialland Des siècles de tradition verte Olivier Rialland est maraîcher bio en Vendée et chargé d’enseignement vacataire dans plusieurs universités. Il est aussi l’auteur d’une thèse de géographie, Les Parcs et jardins des châteaux dans l’Ouest de la France. Paysage évanescent, patrimoine naissant. Dans le numéro 14 de Place publique, il avait signé « Le jardin et la ville : cinq siècles d’histoire » • Claire Lelong Paysages : le monde s’invite à Nantes Pour des raisons historiques, Nantes est depuis longtemps une véritable terre d’accueil pour les végétaux exotiques. Le Service des espaces verts poursuit et amplifie cette tradition en créant de véritables paysages étrangers dans les parcs nantais. Mais aussi en exportant au bout du monde les essences et les savoir-faire nantais. Ce programme cadre bien avec la distinction européenne qui a été attribuée à Nantes. |
LA CARTE ET LE TERRITOIRE • Benoît Ferrandon Cohésion sociale et territoires : qui se ressemble s’assemble ? Les regroupements de communes avaient notamment pour ambition un plus grand brassage social. Or, dans le département, les intercommunalités ont plutôt tendance à regrouper des communes offrant le même profil social. |
PATRIMOINE L'eusses-tu crues ? La lettre S comme Soucoupe Résumé > En 1862, John Scott, jeune ingénieur venu d’Écosse créait ex nihilo à Saint-Nazaire un chantier naval d’où seraient lancés de nombreux paquebots. Sa naissance nous rappelle que déjà au 19e siècle, l’histoire de la construction navale n’était pas un long fleuve tranquille. |
TERRITOIRES Les rencontres nationales des conseils de développement Résumé > Comparé à d’autres systèmes administratifs européens, le paysage institutionnel français laisse peu de place aux instances de démocratie participative. C’est le principe de la consultation qui prime – à travers, par exemple, les traditionnelles enquêtes publiques – avec toutes les limites qu’on lui connaît. Parfois, le recours au référendum. Dans ce contexte, une forme originale de dialogue territorial fait encore figure d’OVNI, voire d’intrus : les Conseils de développement dont la pratique prouve, par les faits et depuis déjà dix ans, ce que la démocratie participative peut apporter à l’action publique. Résumé > Après avoir accueilli en octobre 2002, les premières Rencontres nationales, le Conseil de développement de Nantes Métropole s’apprête à recevoir de nouveau ses homologues de toute la France en février. Si le Conseil de développement est peu à peu passé dans les mœurs institutionnelles, ses missions ne sont pas nécessairement connues du plus grand nombre. Le Conseil nantais figure parmi les plus anciens en France et l’organisation des Rencontres nationales constitue l’occasion de revenir sur son histoire et son rôle. Contexte > Jean-Paul Delevoye, le président du Conseil économique, social et environnemental, sera l’un des invités majeurs des rencontres nationales des Conseils de développement. Il y a un an, il avait publié Reprenons-nous, un livre où il diagnostiquait le burn out de la France : « La France va mal. Les Français vont mal. » Il appelle aujourd’hui à « réduire la fracture civique. » |
SIGNES DES TEMPS Thierry Guidet Bloc-notes Critiques Livres > Hommage à Jean Théfaine La chronique de Cécile Arnoux La chronique de Jean-Luc Quéau La chronique d’architecture de Dominique Amouroux |
CONTRIBUTIONS Résumé > Les prises de parole de la population contre la densification des villes se multiplient. La ville solidaire et durable a remplacé la ville désirable et heureuse. Le récit urbain s’est uniformisé et technicisé. Ce faisant, la distance entre la population et les concepteurs de la ville s’accroît. Il y a là un malentendu dans le sens où les discours volontaristes et systématiques sur la fabrique de la ville ne traduisent que très imparfaitement les projets et les intentions urbaines des collectivités. L’enjeu est aujourd’hui de sortir des malentendus, d’une part, en réinterrogeant la sémiologie urbaine, ses mots, ses concepts et son registre, d’autre part, en proposant un nouveau récit urbain auquel les habitants pourraient être associés. Résumé > L’extrême centralisation du réseau ferré a conduit Paris à vampiriser les autres villes françaises. L’importance relative de leur population par rapport aux autres grandes villes européennes s’est effondrée en deux siècles. Vu sous cet angle, le projet d’aéroport du Grand Ouest, à Notre-Dame-des-Landes, est une tentative de rompre avec une logique centralisatrice, infiniment plus destructrice d’espaces et d’emplois que le transfert de l’aéroport actuel. Résumé > Née de la Loire, Saint-Nazaire entretient forcément des relations étroites avec Nantes. Mais elle aurait tout à gagner à regarder aussi vers le Nord, vers le Morbihan et vers Rennes. En réorientant ses politiques et ses infrastructures, elle pourrait compléter la métropole nantaise. |
INITIATIVES URBAINES Contexte > Nous poursuivons une suite de portraits engagée dans Place publique en compagnie des architectes-urbanistes ayant exercé à Rennes et Nantes. Toujours entre les deux métropoles, nous tournons le regard vers des architectes dont l’activité est plutôt dominée par la construction. La cinquantaine, disons dans « la force de l’âge », ils habitent tous l’une des deux grandes villes de l’Ouest. Après Clément Gillet, Michel Bertreux et Patrick Moreuil, Jean-Luc et Maxime Le Trionnaire, le duo nantais Philippe Barré et Agnès Lambot, le Rennais David Cras, place à l’architecte nantaise Gaëlle Péneau qui montre en ce début d’année 2013 les dernières réalisations de son agence GPAA à la Galerie d’architecture à Paris, rue des Blancs-Manteaux. Le titre de l’exposition, Du projet au motif, ce qui se trame, résume le parti de l’agence autour de ses derniers chantiers, le Théâtre 95 qui vient d’être livré à Cergy-Pontoise, les locaux universitaires Porte de Clignancourt à Paris, le lycée professionnel Ampère à Vendôme et la cité éducative Nelson-Mandela à Angers, et à Nantes enfin, des logements sur l’Île (DT6-Noon) et l’extension de l’hôpital Saint-Jacques. Contexte > Une mobilisation collective réussie, un foisonnement d’idées, une synthèse qui s’organise et fournit un cadre à l’ambition collective Ma ville demain, cette démarche prospective à l’horizon 2030 est un succès. Mais, constate Gilles Retière, l’atterrissage se déroule en zone de turbulences : l’approche des municipales et le débat de Notre-Dame-des-Landes. |