La diversité des théâtres dans l’agglomération nantaise, et plus généralement dans la région, témoigne bien de la forme d’une ville, tempérée, éclectique et composite. Le constat peut être élargi à d’autres régions de France et d’Europe. On peut y voir le symptôme tout à la fois du renouveau du théâtre et de la résistance du modèle de ville à l’européenne.

Des mystères médiévaux à Royal de Luxe en passant par l’ouverture de Graslin, les castelets de marionnettes et les créations collectives d’Armand Gatti à Saint-Nazaire, esquisse d’une histoire du théâtre dans la métropole.

Les grands équipements publics sont souvent dépositaires de l’identité des villes. Quoi de plus évident donc, que d’installer le théâtre de Saint-Nazaire, ouvert en 2012, dans l’écrin de l’ancienne gare, là où étaient accueillis jadis les voyageurs des paquebots transatlantiques ? Mais au-delà de sa fonction et de sa symbolique urbaine, ce théâtre témoigne du rôle de la culture dans le développement urbain : elle révèle des lieux et participe à l’attractivité de la ville.

Son action à la tête du Grand T. La situation très particulière de ce théâtre essentiellement financé par le Département. L’avenir du théâtre dans le paysage artistique contemporain comme art de l’incarnation, comme école du sensible. Entretien avec Catherine Blondeau.

Dans un croisement de l’éphémère et du permanent, de ce qui s’évapore et de ce qui persiste, dans une mise en récit, dans une mise en jeu, le parallèle entre le théâtre et la ville, entre théâtralité et urbanité, constitue une métaphore toujours aussi vive et précieuse : la ville est un spectacle et le spectacle prend place dans la ville. Filons cette métaphore du théâtre, qui mène en utopie.

On a coutume de penser la place du théâtre en référence aux images inscrites dans notre mémoire collective par les premiers édifices du 18e ou plus souvent du 19e siècle qui s’inscrivent, de façon autonome, dans la mise en scène urbaine. Or la forme et la place du théâtre ne se résument pas à cette seule référence. Il se développe ainsi un théâtre contre la ville, « tout contre » pour paraphraser Sacha Guitry, un théâtre qui tire sa force de sa mobilité et de sa plasticité dans l’espace urbain.

Cet article effectue un rapide survol spatial et temporel des théâtres de Barcelone. Ce parcours parallèle à l’histoire de la ville révèle la capacité d’urbanisation du phénomène théâtral. Le théâtre précède, anticipe le développement urbanistique, en une sorte de mission civilisatrice.

« Utile Dulci » (réunir l’utile et l’agréable), telle était la devise du prince-évêque de Liège François-Charles de Velbruck (1772-1784), fondateur de la Société libre d’émulation. Elle orne le cadre de scène et la façade extérieure du bâtiment qui abrite désormais le théâtre de Liège, qui a succédé au théâtre de la Place.

Historiquement issue du théâtre, la scénographie est une discipline qui s’exporte aujourd’hui dans l’espace urbain. À Nantes, l’installation des Machines de l’Île, est un bon exemple de ce qui se joue à travers la scénographie urbaine. L’emploi tous azimuts de ce terme témoigne peut-être d’une attention nouvelle portée au sensible dans la ville

L’aspect saisisssant du théâtre de rue pratiqué par Royal de Luxe tient au changement d’échelle. Ce sont la ville et ses rues qui se changent en théâtre. Les personnages sont hauts comme les immeubles. La pièce dure trois jours. Le public se compte en dizaines de milliers. Si bien que, le temps d’un spectacle, tous les Nantais peuvent se prendre pour des géants.

L’exposition Théâtres en utopie au Lieu unique présente un parcours d’architectures visionnaires dédiées au théâtre ou à la musique de l’Antiquité à la Révolution, du 19e siècle industrieux aux avant-gardes expressionnistes en passant par les constructivistes, les futuristes, jusqu’à nos jours.

Depuis l’origine, construire une ville procède de la mise en scène. Mais il existe un risque de théâtralisation de la cité à des fins essentiellement touristiques, un danger de standardisation de l’espace public. Et cela au détriment du frottement, de l’émotion, bref, de l’urbanité. Promenade en images et en mots à Nantes/Saint-Nazaire.