Des bombardements
et des villes
4 - Didier Guyvarc’h
La mémoire lente des attaques aériennes alliées
10 - Louis Raymond
« Le ciel bleu avec les bombes qui tombaient »
14 - Nantes sous les bombes alliées
38 - Emmanuel Mary
« Le patrimoine n’est plus considéré comme un “héritage”,
mais comme une ressource de développement »
42 - Alain Croix
Bombardements, un souvenir insupportable
52 - John Barzman
« L’appropriation par les Havrais s’est réalisée très graduellement »
58 - Camille L’Hour et Cédric Chardon
Les différentes facettes de la pauvreté
Patrimoine
64 - Alain Croix
Les trésors de Monsieur Jean-Claude
signes des temps
70 - Franck Renaud
Mixité sociale, j’écris ton nom
72 - Livres
82 - Louis Raymond
Anna Picco, la dialecticienne au fusain
rebonds
90 - Claire Boissière, Alexandre Emorine, Camille Hémery
et Romane Penin
Quand les architectes bâtissaient les centrales nucléaires
contributions
100 - John Tolan
Les immigrés veulent islamiser l’Europe
108 - Agenda
110 - Contributeurs
Ce numéro de Place publique Nantes/Saint-Nazaire est le dernier. Le dernier en version « papier ». Le terme d’une aventure éditoriale longue de dix-sept ans, durée inédite pour une revue en Loire-Atlantique. Notre premier numéro a été publié en janvier 2007 et son dossier était consacré à la réouverture du musée d’Histoire de Nantes au château des ducs de Bretagne. Depuis, près 11 000 pages ont été éditées, proposant au fil des numéros une forme d’encyclopédie de l’estuaire de la Loire et du département.
Place publique Nantes/Saint-Nazaire se voulait touche-à-tout et a traité d’une grande diversité de sujets : le quarantième puis le cinquantième anniversaire de mai 1968 ; Nantes et le surréalisme, débattant alors du titre – usurpé ou pas ? – de berceau du mouvement littéraire dont se revendique la ville ; le regard du cinéaste Jacques Demy sur Nantes ; la traite négrière, abordée dans plusieurs dossiers et sous divers angles ; la redécouverte de son vignoble par Nantes ; l’étalement de la ville ; la fureur et les passions autour du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ; l’accueil des réfugiés ; le centenaire du débarquement des Sammies, les soldats américains, à Saint-Nazaire en 1917 ; les pauvres en Loire-Atlantique ; Nantes, capitale de la Vendée ? – une simple interrogation qui avait suscité bien des réactions outrées de partisans de la Bretagne à cinq départements – ; l’architecture de l’île de Nantes était-elle vraiment « archimoche »…
Le choix de ces dossiers relevait d’un savant dosage d’air du temps, d’actualité, d’envies du comité de rédaction, de sujets émergents… Il reflétait aussi la diversité des approches et des points de vue. Bien évidemment, la politique, les affaires de la cité, avaient toute leur place dans nos pages. Se présentant volontiers comme une « revue urbaine », Place publique s’est attachée à raconter les transformations de nos villes, les débats et les désaccords qu’elles suscitaient, les formes qui se dessinaient pour demain. Derrière ces métamorphoses et ces décisions, des élu(e)s, aujourd’hui contestés comme jamais en sus d’être souvent « mal » élus dans la mesure où une abstention – grandissante – s’impose comme le premier parti de France. Ces élu(e)s nous en avons pourtant besoin, qu’ils soient de gauche, de droite, du centre ou s’engagent pour tout simplement servir leur commune et les citoyens. La vitalité démocratique de nos institutions passe, entre autres, par elles et eux. À les fréquenter régulièrement, et même si les mots de la communication qui habillent souvent la parole des élus des grandes villes sonnent difficilement aux oreilles des journalistes, il faut leur accorder la volonté de servir la collectivité, de croire et de plaider pour les idées et les projets qu’ils défendent, d’œuvrer pour que chacune et chacun puisse vivre décemment.
Et puisque l’heure est à la politique, un mot sur les financements qui ont permis à la revue d’exister et de durer : à sa création, elle a été soutenue par la seule Ville de Nantes, alors dirigée par Jean-Marc Ayrault. Puis le cercle des soutiens s’est élargi, avec Saint-Nazaire, le Département et la Région accordant des subventions. Ces dernières ont ensuite été transférées à leur intercommunalité pour Nantes (Nantes Métropole) et Saint-Nazaire (Carene). Précisons que la Région, reprise à la gauche par la droite fin 2015, a maintenu son aide. Ajoutons encore que ces financements ne nous liaient pas aux politiques portées par les ou les autres. Jusqu’au bout, la revue est restée libre de ses choix éditoriaux.
Cette ambition, à la fois celle de la création d’une revue unique en son genre et celle de son indépendance éditoriale, a été portée par son fondateur, Thierry Guidet. Il lui revient d’avoir traduit la montée du fait urbain et l’émergence des métropoles en « papier » – près de 700 grammes par numéro ! – et d’avoir assemblé pour y parvenir une mosaïque associant « sachants » et praticiens.
La revue, ce fut encore au tournant des années 2010 une implication dans un débat public serein – ce qui n’est pas synonyme de tiède ! – avec les rencontres Questions publiques qui invitaient à une conversation avec un(e) invité(e) autour d’un sujet local ou national, d’une actualité éditoriale. Ces rencontres, initialement proposées Tour Bretagne avec le Conseil de développement de Nantes Métropole et le CCO, ont dû, à la fermeture de la tour, pratiquer le nomadisme, accueillies par diverses structures (Cosmopolis, École d’architecture, Nantes Université, siège du Crédit mutuel…). Nous persévérons à croire à la nécessité de ce débat public indépendant à l’échelle d’une métropole.
Cette revue n’aurait pu exister sans l’engagement de bénévoles et des membres du comité de rédaction. Il convient de leur rendre hommage : pour ceux qui ont agi au sein de l’association Mémoire et Débats, éditrice de la revue, maintenir cette dernière à flot durant toutes ces années n’a « jamais été un long fleuve tranquille », selon les mots de Philippe Audic, son président. Atteindre l’équilibre budgétaire s’est toujours révélé un chemin semé d’embûches. Produire une revue papier coûte cher et a coûté de plus en plus cher. Sans omettre divers aléas qui ont jalonné son existence, dont la liquidation du distributeur en kiosques nous privant des recettes de trois numéros, ce en même temps que le Covid-19 déferlait sur la France… Bref.
Le comité de rédaction était le lieu des échanges éditoriaux. Quel dossier traiter ? Quels sujets et quels angles ? Il réunissait des universitaires (historiens, sociologues, politiste, philosophe…), des praticiens de la ville et de l’urbanisme, d’autres de la participation citoyenne, d’autres encore des politiques publiques, un éditeur, un ou deux journalistes… Certains ont écrit dans chaque numéro ou presque, d’autres jamais ou peu. Tous ont apporté leur savoir et leur regard – sans oublier leur carnet d’adresses – à ce patient édifice que constituait chaque dossier. Quelques-uns nous avaient rejoint récemment, féminisant ce cénacle et le rajeunissant. Toutes et tous, ils ont permis à Place publique de vivre, d’écouter battre le cœur de Nantes et de Saint-Nazaire. Qu’ils en soient remerciés.
Place publique Nantes/Saint-Nazaire cesse sa parution. Mémoire et Débats souhaite mettre à disposition les archives de la revue sur un site web : ce travail de création d’un nouveau site a occupé nos derniers mois, mais les moyens requis n’ont pu être réunis à ce jour. L’association ne disparaît pas et entend bien transmettre ce patrimoine accumulé au fil de dix-sept années.
Un dernier mot : un grand merci à celles et à ceux qui nous ont lu.
F. R.