Sommaire Place publique # 33
mai-juin 2012
LE DOSSIER La ville de toutes les musiques• Patrick Barbier De la maîtrise de la cathédrale à La Folle Journée, six siècles de musique Depuis la création de la maîtrise de la cathédrale, en 1413, jusqu’aux festivals actuels, Nantes peut se targuer d’une vie musicale dense et diversifiée. Le Théâtre Graslin, institution sans rivale pendant près de deux siècles, y a joué un rôle central. • Jean-Claude Pinson Notes sur les baladeurs, Glenn Gould, la clarinette, Gloria Lasso et les musiques actuelles La musique est désormais partout. Nous vivons dans une sonosphère qui fait de nous des « assiégés de la musique ». Mais voilà que le baladeur numérique nous permet de nous isoler, au milieu du bruit commun, dans notre propre bulle musicale, une manière de renouer avec l’écoute fervente et solitaire. On n’en finirait pas d’énumérer les paradoxes de notre rapport à la musique, art tout à la fois de l’intériorité et de l’extériorité. Ce qui s’invente ainsi, ce ne sont pas seulement des formes musicales. Ce sont aussi des formes de vie nouvelles, où tour à tour chacun écoute et joue, se mêle aux autres et se retire. • Baladine Claus Les visages de Nantes dans la chanson Nantes occupe une place de choix dans la chanson traditionnelle. Nombre de chanteurs contemporains en ont fait aussi un sujet. Ils donnent tour à tour à voir et à entendre une ville grise, un port parfois à l’abandon, une ville-fille au fort tempérament, une mémoire meurtrie, une cité de chansons… • Jean-Noël Bigotti Une ville au cœur des réseaux musicaux De nombreux Nantais exercent des responsabilités nationales ou internationales dans les réseaux musicaux. Ce qui donne à la ville une place de choix dans le paysage musical français. • Cécile Arnoux De A à Z La vie musicale à Nantes/Saint-Nazaire, c’est un incroyable foisonnement de tribus qui se croisent, se frôlent, collaborent ou s’ignorent totalement. Pour donner un aperçu de cette diversité – sans pour autant prétendre à l’exhaustivité – nous avons pris le parti d’un abécédaire. Il s’appuie notamment sur le Centre régional d’information-ressources de Trempolino. On n’y retrouve pas, ou alors très rapidement, des sujets ou des artistes traités dans d’autres parties de ce numéro. • Jean Théfaine Ces Nantais en haut de l’affiche Ils sont nés à Nantes. Ou bien ils l’ont chantée, à moins qu’ils ne s’y soient formés. Ces artistes entretiennent tous une relation singulière avec cette ville et sont célèbres bien au-delà de ses frontières. • Patrice Bulting Toutes les musiques du monde font escale à Saint-Nazaire Voici vingt ans que Saint-Nazaire est le théâtre des Escales. Ce festival des musiques du monde ne pouvait trouver meilleur titre et meilleur port d’attache, tout au bout de l’Europe et face aux Amériques, là où l’on peut prêter une oreille attentive au son de l’autre. • Gérôme Guibert Les secrets du réveil nantais Associer une ville à une dynamique musicale nécessite la révélation d’une scène locale au niveau national. C’est par un double mouvement, celui d’un collectif informel d’acteurs investis dans le rock indépendant (disquaires, lieux, labels, artistes) et celui des politiques culturelles locales que Nantes a pu revendiquer une forte identité musicale à compter du début des années 1990. • Philippe Audubert Aujourd’hui, la musique s’apprend autrement Le solfège et la lente maîtrise d’un instrument : cette manière d’apprendre la musique n’est pas condamnable. Mais des associations aussi bien que le Conservatoire proposent aujourd’hui d’autres voies, plus actives et plus collectives. De plus en plus, c’est en jouant qu’on apprend la musique. • Paul Lyonnaz POL le pianiste joue chez vous • Anne-France Kogan Un panier culture, comme pour les choux et les carottes Sous son nom d’artiste, POL, et pour des périodes allant de quelques heures à quelques jours, le pianiste-compositeur Paul Lyonnaz se déplace en résidence chez l’habitant à Nantes et sa périphérie. Lors de ces rencontres musicales chacun est invité à exprimer sa propre créativité (peindre, chanter, écrire, slamer, calligraphier, danser, cuisiner, lire, dire…) bref, à créer en partage. Entre improvisation et composition, POL témoigne de son parcours - nommé Résidence(s) - auprès de ces personnes qui font pousser la culture chez eux. Avec d’autres artistes membres du groupe Artistes & Entraide constitué en 2009 à Trempolino et avec la facilitation des Écossolies, il s’est rapproché de citoyens nantais pour fonder et expérimenter le concept du Panier culture : la préfiguration d’un circuit court inspiré du principe de l’AMAP et portée par l’association AP3C Nantes. • Marine Jaffrézic Oui, je chante… Les chorales foisonnent à Nantes. Chanter y fait figure de sport local. Récit d’une amatrice, du Chœur des Ponts à la chorale du Centre culturel franco-italien. • Christophe Guibert Hellfest : des festivaliers bien inoffensifs Le festival Hellfest accueille des dizaines de milliers de spectateurs chaque année à Clisson, au sud de Nantes. La musique metal ne répugne pas à un certain folklore sataniste qui provoque les protestations de personnalités et d’associations politiques et religieuses très marquées à droite. La réalité de ce festival est moins sulfureuse que sa réputation : un public pas si jeune, assez diplômé, relativement aisé, attiré avant tout par la musique et dont les dépenses ne sont pas négligeables pour la région qui les accueille. • Jean Théfaine Le Zénith est une locomotive Ouvert en 2006, le Zénith est l’un des trois plus grands de France. Capable d’accueillir près de 10 000 personnes, il est la salle de spectacles qui manquait à Nantes, la locomotive dont avait besoin l’agglomération. Malgré les craintes initiales, les salles plus petites tirent profit de sa présence. • Sarah Guilbaud Oscar, Michenaud, Algam : un parcours économique sans fausse note Oscar, Michenaud, Algam : billetterie, vente d’instruments, importation et fabrication d’instruments. Voici trois exemples de réussite économique dans le monde de la musique. Ces trois entreprises nantaises, qui sont autant d’aventures humaines, sont devenues des références en Europe et au-delà • Emmanuel Parent Musiques actuelles : l’armée de l’ombre Les musiques actuelles dans les Pays de la Loire pèsent 250 millions d’euros de chiffre d’affaires, le quart de l’industrie navale nazairienne. Cette création de richesses est le fait d’une véritable armée de l’ombre qui contribue à la diversité du secteur des musiques actuelles : organisateurs de concerts et de festivals, développeurs d’artistes, radios associatives… Grâce à eux, la culture n’est pas aussi formatée qu’on le dit souvent. • Chloé Nataf Aujourd’hui, c’est déjà demain ! Les nouvelles technologies ont bouleversé notre rapport à la musique. Et c’est loin d’être fini : quel avenir pour les supports matériels ? Le tout numérique est-il inéluctable ? Quelles nouvelles relations entre les artistes et leur public ? • Débat : une exception nantaise ? Nantes est-elle une exception en France par sa richesse musicale ? Le lundi 19 mars, à La Fabrique, en ont débattu Gabriella Aubineau, coordinatrice de Microfaune ; Hervé Bordier, chargé du développement musical à Toulouse ; Sylvain Girault, artiste et directeur du Nouveau Pavillon ; Jean-Louis Jossic, artiste et adjoint à la Culture de la ville de Nantes ; François-René Martin, directeur du label Mirare ; Vincent Priou, directeur de Trempolino ; François-Xavier Ruan, directeur de l’Orchestre national de jazz. • Phil Journé, photographe de spectacle « Je me suis arrêté avant d’être lancé ! ». Ce n’est pas de sa carrière de photographe que parle Phil Journé. Heureusement. Mais de ses débuts de chanteur grattant sur sa guitare sans vraiment se convaincre lui-même. De ce moment – à la fin des années 1980 – il garde le goût du spectacle. Voilà pourquoi depuis une vingtaine d’années, Phil Journé est un des meilleurs photographes de la scène nantaise : la musique, bien sûr, mais aussi la danse, le théâtre, la littérature… Il travaille avec un « matériel assez simple », un boîtier Nikon et trois objectifs. « Je ne suis pas un grand technicien, plutôt un sensitif. Je veux montrer les cordes de la guitare qui vibrent, je veux qu’on entende la musique en voyant l’image. » Ce qui suppose « d’aimer ce qu’on entend, d’être en phase avec les artistes qu’on voit. » C’était le cas ce jour de 2001 où Jeanne Cherhal l’a bluffé. Pas dans n’importe quelle salle de spectacle, mais au Théâtre Graslin où elle se produisait dans le cadre de Rock à l’opéra, monté par Trempolino. « Je lui ai demandé si elle avait besoin d’un photographe. On a travaillé ensemble quelques années… ». Quand elle portait des nattes. Phil Journé feuillette avec nous son album de photos. • Nicolas de La Casinère Basse-Loire continue |
L'ENTRETIEN Massimo Amato, Contre la crise, une monnaie locale ?Dans un an – peut-être à l’été 2013 – Nantes pourrait se doter d’une monnaie locale, complémentaire de l’euro, à l’usage des entreprises, mais aussi des particuliers. Le chercheur italien Massimo Amato et son équipe sont chargés par la Ville d’une mission de conseil pour évaluer la faisabilité du projet. |
SIGNES DES TEMPS Thierry Guidet Bloc-notes Critiques Livres La chronique d’architecture de Dominique Amouroux La chronique de Jean-Luc Quéau |
CONTRIBUTIONS Résumé > La disparition de Michael Foot le 18 février dernier est passée inaperçue dans la presse de ce côté-ci du Channel, mise à part une nécrologie dans Le Monde du résistant et historien Crémieux-Brilhac. Celui qui allait être un grand historien britannique a frôlé par deux fois la mort en terre bretonne et a fait l’objet d’un échange de prisonniers unique dans l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Résumé > Près d’un Nantais sur trois demande des obsèques civiles. D’où la création d’une association, La Maison des adieux. Elle souhaite être une interlocutrice auprès des pouvoirs publics et de la société civile pour promouvoir la mise en place de lieux civils non confessionnels. Résumé > Manuel de Solà-Morales, le grand architecte et urbaniste catalan, vient de disparaître. Joël Batteux lui rend hommage en expliquant comment il est intervenu à Saint-Nazaire où il a su « domestiquer » la base sous-marine. |
INITIATIVES URBAINES Nous poursuivons une suite de portraits engagée il y a deux ans dans Place publique en compagnie des architectes-urbanistes ayant exercé à Rennes et Nantes. En prolongeant cette série, nous en modifions légèrement la focale : nous sommes toujours entre les deux métropoles, en nous intéressant plus particulièrement aux architectes dont l’activité est dominée par la construction. Des architectes entre 40 et 50 ans, disons dans « la force de l’âge », et dûment domiciliés au sein de l’une des deux grandes villes de l’Ouest. Après le Rennais Clément Gillet, place aux Nantais Michel Bertreux né en 1956 et Patrick Moreuil né en 1972, tous deux associés de l’agence Tetrarc(fondée en 1988) qui livre en ce printemps la première tranche de Casé Alté, une ambitieuse opération de logements dans le secteur du bois habité à Rennes-La Courrouze, rue Roger-Henri Guerrand. Marc Dumont est maître de conférences en aménagement urbain. Il est membre du laboratoire Eso-Rennes (Université de Rennes 2) et du Laboratoire LAUA (École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes). Il est membre du comité de rédaction de Place Publique Rennes. |
Une ville / un écrivain Sylvie Gracia Levallois à la découpe |
L'agenda de Place publique |