Place publique #1
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En avant-première, une visite du musée


Texte > Marie-Hélène Jouzeau


Résumé > Sept grandes séquences, trente-deux salles, plus de huit cents œuvres : le parcours au sein du château des ducs de Bretagne est aussi un itinéraire dans l’histoire de Nantes, de l’époque gallo-romaine à la métropole contemporaine. Ce texte offre l’occasion de visiter le musée en avant-première, un mois avant son ouverture.


En janvier 1903, paraît dans la Revue nantaise un article intitulé «L’Hôtel de Ville au Château de Nantes» signé Marcel Giraud-Mangin. On peut y lire ceci :
«Une grave question vient de troubler la quiétude de notre vieux château, qui depuis le duc de Mercœur somnolait, impassible, dans le mépris des hommes et des choses. Déchu de sa force défensive, conscient de son inutilité dans les luttes de l’avenir, il supportait avec une égale résignation les outrages du temps et ceux du gouvernement. L’un salpêtrait ses murailles, rongeait ses pierres, effritait les sculptures de ses fenêtres, faisait s’écrouler ses voûtes, l’autre démolissait, édifiait sans souci de l’art et des souvenirs, couvrait les peintures d’ignoble badigeon, éventrait les cloisons, perçait les toits. Et les logis désagrégés qui abritèrent la cour de Bretagne, sont devenus de vastes magasins où les flingots s’entassent par milliers avec tout l’attirail des armées modernes.
Or, voici qu’un architecte, – naturellement, – en considérant la décrépitude croissante du plus grandiose monument de l’histoire bretonne, a songé à lui prêter un nouvel éclat et à l’arracher au vandalisme qui le mutile sans cesse. Il a fait le compte de toutes les altérations qu’avait déjà subies depuis cinq siècles le château de Nantes : constructions de lourds bastions Mercœur sous la Ligue, – du grand bâtiment qui s’élève dans la cour, – explosion de la tour des Espagnols en 1800 ; – installations successives des services du génie militaire. Et, de cette inspection désolée, est sorti le projet hardi de mettre un arrêt définitif à ces dévastations en établissant au château, restauré et agrandi, l’Hôtel de Ville de Nantes. »
Le projet a pour auteur Henri Deverin (1846-1921), architecte en chef des monuments historiques.1
Depuis 1873, des négociations sont en cours entre l’État, propriétaire du château et la Ville de Nantes qui souhaite l’acquérir et s’interroge sur son futur usage, après plus de deux siècles de fonction militaire. Le projet de Deverin ne sera pas retenu. Le château devient propriété de la Ville en 1915. La guerre retarde l’évacuation du site par l’armée qui l’occupe jusqu’en 1920. En 1921, la Ville de Nantes décide de faire du château un musée municipal, consacré dans un premier temps aux arts décoratifs, qui sera inauguré le 30 mai 1924. L’état de l’édifice est dégradé et seules quelques salles de l’ancien palais ducal ouvrent au public, après de très sommaires travaux d’aménagement. D’autres ouvriront progressivement dans les années suivantes, abritant notamment les collections du Musée d’Art populaire régional.
Des travaux ponctuels de restauration du monument sont exécutés, mais sans études préalables d’ensemble ni programme global d’aménagement.
Après la Seconde Guerre mondiale, le château va abriter, dans le bâtiment du Harnachement, les collections d’un musée gravement sinistré par les bombardements de septembre 1943, le musée des Salorges, du nom de la rue où il était situé, dans le quartier du port. Constituées par les frères Louis et Maurice Amieux, industriels de la conserverie Amieux Frères à Nantes, les collections du musée des Salorges avaient fait l’objet d’un don à la Ville de Nantes, en 1934. Elles étaient consacrées aux industries nantaises, navales et alimentaires, aux métiers et activités du port, tant fluvial que maritime.
L’état de dégradation du Grand Logis oblige à le fermer au public dans les années 1970.
Le Grand Gouvernement souffre des mêmes maux mais reste ouvert au public sur deux niveaux, malgré les conditions insatisfaisantes de conservation des collections et une muséographie tombée en désuétude.
À la fin des années 1980, la nécessité d’un programme d’envergure s’impose, tant pour la restauration de l’édifice que pour son aménagement muséographique, son insertion dans le tissu urbain, la mise en valeur du site, son accessibilité et sa lisibilité. La municipalité s’y engage dès 1990, avec le soutien de l’État, de la Région et du Département, dans le cadre d’un premier contrat de plan.
Deux autres suivront pour mener à bien ce grand chantier aux multiples composantes, avec l’aide, dans les dernières années de travaux, de l’Europe (Fonds Feder) et de Nantes Métropole. Le coût global s’élève à 51,5 millions, la moitié pour la restauration du monument, l’autre pour l’aménagement du musée. L’ampleur des travaux nécessite la fermeture totale du Château au public en mars 2004. Le début de l’année 2007 est celui de sa redécouverte.

Le site, l’édifice, la ville
Classé Monument Historique en 1862, le château des ducs de Bretagne n’avait jamais fait l’objet d’une restauration globale.
De nombreux espaces, tels le chemin de ronde et de nombreuses salles du Grand Logis, des tours de l’enceinte, et du Grand Gouvernement, n’avaient jamais été ou n’étaient plus accessibles au public, pour des raisons de sécurité.
Outre l’évidente nécessité de préserver la pérennité de cet édifice singulier, de mettre en valeur sa réalité matérielle, la qualité de son architecture, il s’est agi de porter sur lui un regard nouveau, de lui donner un sens, un usage, un contenu culturel pour les citoyens d’aujourd’hui et de demain. En effet, ni le patrimoine, ni la culture ne se réduisent aux produits figés de l’art ou à une image simple.
Le château est « ce qui est encore visible d’un monde qui nous est devenu invisible »2, une trace dans le paysage urbain, un signe, une forteresse. Sa forme close laisse imaginer le franchissement d’une véritable frontière, topographique et physique. C’est une quête qu’inspire le lieu, le désir d’un accès qui s’impose à chacun, un itinéraire, pour trouver un passage, franchir le pont, traverser l’enceinte, le rempart, le fossé, avec un sentiment mêlé d’inhospitalité et d’attirance, une démarche d’observation et de reconnaissance, une modestie exigeante, une curiosité, une promesse de découvertes, de points de vue, d’expériences.
Cette impressionnante capacité du monument à initier un mouvement, un regard, une attente, ne pouvait dès lors réduire le programme de restauration à la banale création d’une belle image de carte postale. La restauration devait avoir fortement partie liée avec la revalorisation de la fonction d’usager, voire d’utilisateur d’un bien collectif, ouvert à tous. Le libre accès au site, cour, remparts et douves, facilité par deux nouvelles entrées, ouvre le château à de nouvelles pratiques urbaines, à de nouveaux parcours de découverte, à de nouvelles opportunités de proximité, de familiarité et de convivialité avec le site. La signalétique qui s’y déploie aide à la lecture de l’architecture et de la ville vue des remparts, en privilégiant les images montrant les transformations jusqu’à aujourd’hui. Passé et présent sont mis en perspective, faisant du château le musée d’un site, d’une histoire et d’une ville : Nantes. Ouvrir le château aux habitants de la ville et à ses visiteurs de passage, y exposer les temps forts de l’histoire d’un territoire et des acteurs qui le font vivre et se transformer, c’est aussi nous renvoyer hors de l’enceinte du château, nous inciter à décrypter la ville, ses nuances, ses strates d’existence superposées, juxtaposées, enfouies, détruites, recomposées, métamorphosées, naissantes…

Dans l’ancien palais ducal
Le premier objet muséographique est le monument. Le parcours dans l’ancien palais ducal offre une double lecture, architecturale et muséographique. En s’insérant de façon minimaliste dans les volumes, en respectant leur intégrité, en s’adaptant selon les espaces et les circulations, le musée met en valeur les éléments qui aident à comprendre la singularité et la complexité de l’édifice dans son aspect architectural, son histoire et ses évolutions à différentes époques, avec des destructions et des transformations liées à son usage.
L’éclairage et une signalétique spécifique soulignent les éléments remarquables, attirant l’attention des visiteurs sur une chambre de tir, un élément de décor, une baie, des graffitis de prisonniers, une cheminée, un blason, des latrines, une charpente, un escalier.
Le parcours est structuré en sept grandes séquences chronologiques et thématiques, avec pour objectif de donner à voir, à comprendre et à interpréter l’histoire du site et de la ville de Nantes. L’adéquation entre le site et le thème s’appuie sur un héritage fondateur, le monument, et des collections, autour desquels s’articulent un discours historique et des choix, en fonction de la signification de l’objet présenté et de sa capacité à traduire un thème. Au total, plus de huit cents œuvres d’une grande diversité sont exposées : peintures, sculptures, plans-relief, modèles de navires, cartes et plans, affiches, gravures, photographies, films, outils, instruments scientifiques, mobilier, objets d’art, documents d’archives, etc.
On y pénètre par la salle des gardes du Grand Logis, (15e siècle), dotée de deux cheminées et d’une double voûte ornée de nervures gothiques dont le tracé vient se perdre en un pilier central sans l’intermédiaire d’un chapiteau, et retombe latéralement par des culots sculptés d’animaux, de végétaux et de personnages.
Aujourd’hui salle d’accueil du public, elle communique avec une salle dont la voûte n’a probablement pas été achevée et avec la tour du Port aménagée en vestiaires.
Le parcours muséographique se déploie dans trente-deux salles dont dix-sept sont situées dans le Grand Logis et les Jacobins, depuis les sous-sols jusqu’aux combles. Les quinze autres salles sont celles des niveaux supérieurs du Grand Gouvernement, qui communiquent à chaque étage avec les salles des deux tours d’entrée, la tour du Pied-de-Biche et la tour de la Boulangerie.
Le rez-de-chaussée est réservé aux espaces pédagogiques et à la librairie-boutique, située dans la salle aux trois cheminées. Construite sous le duc François II, elle est ornée d’une clef de voûte, représentant un fleuron d’hermine enlacé d’une cordelière. Sa fonction était très probablement une cuisine, comme le suggère la déclivité de son sol conçue pour permettre un écoulement vers une canalisation de granit qui aboutit dans les douves.

Nantes et la Bretagne
Les cinq premières salles sont consacrées à la séquence intitulée « Le château, Nantes et la Bretagne jusqu’au 17e siècle ». Elles sont situées en sous-sol et rez-de-chaussée d’un ensemble architectural ouvert pour la première fois au public, constitué par la tour des Jacobins (une des quatre tours du front occidental du château) et par deux espaces formant la charnière entre les corps des bâtiments du Grand Logis et du Grand Gouvernement. L’espace situé entre la tour des Jacobins et la façade sur cour communiquait autrefois avec le grand escalier à vis de la tour de la Couronne d’Or par l’intermédiaire d’un bâtiment détruit, probablement à la fin du 16e siècle, et dont les cheminées et les élévations sont aujourd’hui restaurées.
Cet espace, haut de vingt-six mètres, est le nœud de circulation verticale par ascenseur et horizontale par un jeu de passerelles contemporaines, qui relient notamment au niveau 3 le Grand Logis et le Grand Gouvernement.
La première salle du musée, intitulée « Naissance d’une ville marchande », évoque la Nantes gallo-romaine sous un double aspect, urbain et économique. En effet, les vestiges visibles dans cette salle d’un segment de la muraille gallo-romaine construite vers la fin du 3e siècle de notre ère attestent du tracé de l’enceinte dans sa partie sud-est en bordure de Loire. Subsistant dans son intégralité jusqu’à la fin du 13e siècle, elle formait, sur la rive droite, un quadrilatère irrégulier d’environ 1,7 km, à la confluence de l’Erdre et de la Loire. Le château des ducs de Bretagne a été construit sur une section de son tracé, connu grâce à des recherches archéologiques menées depuis les années 1920.
Arasée, la muraille est découverte en 1922 à deux mètres de profondeur sous le niveau de sol actuel de la cour.
En 1936, son tracé est mis au jour jusqu’à la tour de la Couronne d’Or, ainsi que les vestiges de deux tours, dont l’une constitue l’angle sud-est de l’enceinte gallo-romaine3. En 1993, dans le cadre de la restauration de la tour des Jacobins, les archéologues4 découvrent à l’intérieur du château un autre segment désormais visible et intégré au parcours de visite.
Le rôle économique de la ville antique est attesté par les inscriptions et dédicaces épigraphiques découvertes à l’occasion de travaux urbains. Les moulages présentés ici indiquent l’existence d’un quartier portuaire (vicus portensis) et d’une confrérie des nautes de la Loire (nautae ligerici) qui organise le négoce des métaux, vins d’Italie, huiles d’Espagne, sel et poissons. Le port de commerce est né.
La pirogue monoxyle du 13e siècle découverte dans le Brivet, rivière qui se jette dans l’embouchure de la Loire, près de Saint-Nazaire, évoque cette activité séculaire dans l’estuaire.
Nantes doit son implantation et son développement aux possibilités de franchissement de l’estuaire, grâce aux îles qui divisent le fleuve en plusieurs bras à la confluence entre l’Erdre, la Chézine et la Sèvre nantaise.
Favorable aux échanges commerciaux et à l’édification d’une enceinte défensive, le site est également à la jonction du cabotage fluvial et atlantique.
Le musée n’ayant pas vocation à traiter des périodes préhistorique, antique, du Bas-Empire et des origines du duché de Bretagne, rôle dévolu à Nantes au musée Dobrée, seul un livre thématique permet de donner les repères nécessaires concernant les périodes antérieures à la construction de l’actuel château des ducs de Bretagne.
Intitulée « La Cité des ducs de Bretagne », la deuxième salle est consacrée aux règnes du duc François II (1458-1488) et à celui de sa fille Anne de Bretagne. La difficulté à traiter muséographiquement de cette période tient à l’absence totale de documents ou objets datant de cette période dans les collections municipales, à l’exception bien sûr, du château lui-même, et d’un objet dont l’histoire rocambolesque de la conservation ne sera pas retracée ici, le reliquaire du cœur d’Anne de Bretagne (1514).
Seuls des substituts didactiques étaient en mesure de combler cette lacune. Outre le grand livre introductif au contenu historique de chaque salle du musée, et qui permet de regrouper, sans envahir les murs de l’édifice ni les cimaises du musée, des textes explicatifs synthétiques, des chronologies, des éléments de généalogie et des reproductions de documents conservés dans d’autres institutions, en France et à l’étranger, il a été décidé de faire réaliser un film de 6 minutes, projeté directement sur le mur de granit de la salle située en sous-sol de la tour des Jacobins, équipée d’une cheminée et de postes de tir qui rappellent la vocation militaire défensive de la forteresse adaptée aux évolutions de l’artillerie de l’époque. Ce film retrace le contexte historique de la construction du château des ducs de Bretagne et la biographie d’Anne de Bretagne, duchesse de Bretagne et deux fois Reine de France, née en 1477 en ce Château de Nantes, et morte en son Château royal de Blois en 1514, âgée de 37 ans.
Par un escalier percé dans l’épaisseur de la muraille occidentale, le visiteur est invité à monter au rez-de-chaussée d’un espace de jonction entre le bâtiment du Grand Gouvernement et celui des Jacobins. Cette troisième salle, intitulée « Une ville du royaume de France (aux 16e et 17e siècles) » évoque d’une part la période des guerres de religion et de l’édit de Nantes, et, d’autre part, les transformations du château ducal aux 16e et 17e siècles (renforcement des défenses du château par le duc de Mercœur, incendie du Grand Gouvernement en 1670 et sa reconstruction sous Louis XIV). La ville du 17e siècle est décrite grâce à une série de gravures comme une ville-port et une ville-pont, au point de rupture de charge entre le trafic maritime en aval et le trafic fluvial en amont de la ligne de ponts qui enjambent les bras de Loire.
La salle suivante est située au rez-de-chaussée de l’imposante tour des Jacobins qui mesure vingt mètres de diamètre et s’élève sur trois niveaux surmontés d’une terrasse. Cette salle d’artillerie, dotée de trois chambres de tir, est équipée d’une cheminée, de latrines et d’une fenêtre sans doute élargie au 16e siècle, période à laquelle la tour sert de prison. De nombreux graffitis témoignent du séjour des détenus. Gravés, voire sculptés en bas-relief dans l’embrasure de la baie, certains sont l’œuvre de marins anglais comme celui de William Crisp, capturé en 1746 lors de la guerre de succession d’Autriche (1744-1748).
Les croix et autels ont été sculptés pendant la Révolution française par des prêtres réfractaires ayant refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé en 1792.
Au centre de la salle, intitulée « Une ville fortifiée (du 13e au 16e siècle) », un grand plan en relief de la ville de Nantes, réalisé en 1859 par M. A. Guilbaud, permet de découvrir la ville close médiévale, enserrée dans ses remparts, jalonnés de tours et dont l’urbanisme évoluera peu jusqu’au 18e siècle. Un dispositif interactif aide à la compréhension et à la lecture de la maquette, en soulignant les fonctions défensives, religieuses, marchandes et administratives de la ville.
Est présentée dans cette salle une tapisserie dite « des États de Bretagne », semée de « lys et armes de France » et d’« hermines et armes de Bretagne », selon la commande passée au licier parisien Pierre de Molin, d’une série de six, en date du 4 octobre 1585, par les députés du pays et duché de Bretagne réunis à Nantes. Les tapisseries sont utilisées chaque année dans les villes où se déroulent les réunions des États, probablement jusqu’à la Révolution, en 1789.
La cinquième salle est consacrée à l’ouverture de « La voie atlantique (17e siècle) », qui amorce le développement commercial de Nantes au siècle suivant. Il s’appuie au 17e siècle sur deux options majeures : la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve et l’ouverture du commerce avec les Antilles à partir de 1640.
Le portrait du maire de Nantes et armateur Gratien Libault présenté ici rappelle que ses frères et lui ont lancé ce nouveau mouvement depuis le port de Nantes vers les Antilles.
L’ordonnance de 1681 de Jean-Baptiste Colbert organise la marine de commerce et règle tous les aspects de la vie maritime. Nantes doit à Colbert l’enrichissement de son port, grâce à l’autorisation d’y organiser, jusqu’en 1733, une partie des ventes des navires de la Compagnie des Indes.

Fille du fleuve et de l’océan
La seconde séquence du parcours, « Fille du fleuve et de l’océan », se déploie dans un ensemble de cinq salles, au premier étage de la tour des Jacobins et au premier niveau du Grand Logis.
Il s’agit ici, avant de reprendre le fil chronologique de la présentation jusqu’à nos jours, d’explorer d’une part le cadre géographique de Nantes, ville d’estuaire, et d’autre part de s’attacher à montrer comment se sont construites les représentations de la ville, qui s’ancrent sur des symboles, des objets témoins, des lieux, des repères qui constituent les lignes de force de la mémoire et de l’imaginaire. À Nantes, le port, le fleuve et l’ouverture océanique sont la matrice de la ville. Ils forgent les traits majeurs de sa personnalité et la perception sensible qui y est attachée. Le lien intime de Nantes avec les eaux n’a cessé de marquer son histoire. Ainsi, la salle 8, intitulée « Une ville sirène… », en référence à la célèbre citation de Julien Gracq, extraite de La forme d’une ville, « Ni tout à fait terrienne, ni tout à fait maritime : ni chair, ni poisson – juste ce qu’il faut pour faire une sirène », fait-elle se confronter, dialoguer des œuvres aussi diversifiées qu’une figure de proue de navire, un fer d’esclave, un coffre de marinier de la Loire, la « tour-phare » de l’usine LU, une statuette publicitaire Amieux Frères, intitulée L’Antillaise, les armes de la ville de Nantes, des affiches promotionnelles touristiques et commerciales, telle celle conçue en 1932 par Bernard Lachèvre, Nantes, grand port industriel et colonial, ou encore la représentation de Nantes par J. M. W. Turner, exécutée trois années après son passage à Nantes, en octobre 1826.
En complément, le thème « Nantes et les arts » est présenté dans la salle 9 sous forme multimédia. Deux postes de consultation permettent, à travers les œuvres de peintres, écrivains, poètes ou cinéastes, de découvrir comment Nantes, ville d’artistes et ville d’inspiration artistique, s’est forgé une image entre réalité, imaginaire et nostalgie.
La partition de la chanson de Barbara, Nantes, ainsi qu’un ouvrage de Jules Verne sont présentés dans cet espace.
Cette seconde séquence s’achève par la salle 10, intitulée « Une ville ouverte ».
Organisée autour des quatre points cardinaux, au nord la Bretagne, au sud la Vendée, à l’ouest l’océan et à l’est la vallée de la Loire, elle est consacrée à Nantes comme carrefour et frontière, avec en filigrane cette question toujours d’actualité : Nantes est-elle en Bretagne ?
Historiquement bretonne, comme en témoigne le château ducal, Nantes est aussi une ville ouverte sur l’intérieur du pays comme sur le lointain, ville où se sont installés de nombreux étrangers, ville d’échanges et de croisements qui lui ont forgé un caractère particulier.
La montée par l’escalier à vis de la tour de la Couronne d’Or permet d’accéder au deuxième étage du Grand Logis où s’ouvre la troisième séquence.

Le négoce et l’or noir au 18e siècle
Cette longue séquence, consacrée à l’apogée du commerce colonial nantais très largement fondé sur la traite des Noirs, se déploie dans sept salles des niveaux supérieurs du bâtiment du Grand Logis.
La salle 11, « Un port du grand large », s’attache à montrer les caractéristiques et les activités du port de fond d’estuaire, dont les acteurs ont su, en quelques décennies, convertir le site de transit et le port de pêche en un grand port d’armement atlantique et colonial. Nantes organise alors à son profit l’espace de la basse Loire. La trentaine de petits ports de mer ou de rivière qui le jalonnent deviennent des avant-ports. L’ensablement de l’estuaire interdit en effet l’accès au quai de la Fosse des navires de fort tonnage et c’est de Paimbœuf, Mindin ou Couëron que partent les navires nantais. Au retour, leurs cargaisons sont transportées jusqu’à Nantes à bord des gabarres et autres embarcations à fond plat. La construction navale se développe progressivement vers l’aval, pour bénéficier du lit plus profond de la Loire. La fonction de port fluvial demeure importante. La Loire amont ouvre une relation commerciale avec tout l’arrière-pays.
Les collections présentées ici montrent l’activité portuaire développée autour des produits coloniaux de luxe et notamment le sucre, en provenance de Martinique, Guadeloupe, Cayenne et Saint-Domingue.
Des pièces de porcelaine rapportées de Chine par les navires de la Compagnie des Indes, et des arrêts du Conseil d’État du roi, rappellent que de 1665 à 1733, Nantes a eu le privilège d’organiser les grandes ventes de la Compagnie. La décision royale, en 1733, de regrouper à Lorient toutes les ventes, prive les négociants nantais d’un commerce important. Recherchant des nouvelles routes commerciales, ils se tournent vers les colonies. Traversant l’Atlantique chargés de produits manufacturés, les navires reviennent avec leurs cargaisons de sucre, café, indigo, cacao, tabac et coton. Ce commerce en droiture s’appuie sur une économie directement liée à la traite des Noirs et à l’esclavage.
Les salles 12 et 13 qui suivent, appelées « Une capitale négrière » retracent, au travers d’objets et de documents, l’organisation des voyages de traite, entre Nantes, les côtes africaines et les Antilles, principalement Saint-Domingue.
Nantes devient premier port négrier de France : entre 1707 et 1793, il assure à lui seul plus de 41 % des expéditions de traite. De grandes familles d’armateurs nantais se spécialisent dans ce commerce et, plus largement, l’ensemble du négoce nantais est impliqué dans la traite atlantique. Le commerce « en droiture » avec les îles permet l’arrivage en France des produits coloniaux. Les colons paient ainsi les esclaves achetés à crédit. Certaines industries nantaises fournissent des biens échangés sur les côtes africaines contre des esclaves, d’autres transforment les produits rapportés des colonies. Les manufactures de toiles imprimées se développent dans la seconde moitié du 18e siècle. Les toiles représentent en effet 60 à 80 % de la valeur de la cargaison de départ d’un navire négrier.
Le choix des documents exposés ici permet de suivre les étapes d’une expédition, depuis le financement de la campagne, la préparation de la cargaison, la traversée de l’Atlantique, l’achat des captifs sur la « côte des esclaves » jalonnée de comptoirs de traite abrités par des forts européens, jusqu’à la vente des esclaves, à Saint-Domingue, mais aussi à la Guadeloupe et à la Martinique, et les conditions de vie des esclaves dans les plantations, où les tentatives d’évasion sont sévèrement réprimées.
On estime à environ 450 000 les hommes, femmes et enfants africains embarqués sur les navires négriers nantais.
Des dispositifs interactifs permettent à partir du récit de Joseph Mosneron Dupin dans le Journal de mes mémoires, paru en 1802, de suivre en images la campagne de traite du navire négrier Le Prudent, en 1763-1765. Ils permettent aussi de mettre en relation la traite négrière nantaise avec l’histoire nationale et européenne, du 15e siècle au 19e siècle.
Les salles 14 et 15, situées sous la voûte en « berceau brisé » (restituée dans les années 1970 par l’Architecte en Chef des Monuments Historiques Pierre Prunet, dans un état supposé datant de l’époque du duc François II), sont des espaces créés sur une mezzanine contemporaine au niveau des combles du Grand Logis. Un plancher aujourd’hui disparu permettait autrefois de créer un étage supplémentaire dans ce bâtiment, au niveau des lucarnes exécutées sous Anne de Bretagne.
Intitulées « Chez les messieurs du commerce », ces salles permettent de présenter le décor intérieur de la communauté marchande de Nantes, bourgeoisie aisée, enrichie en grande partie par la traite des Noirs et le commerce colonial.
Les meubles et objets en bois des îles, les pièces armoriées en porcelaine de Chine, les toiles imprimées aux motifs exotiques, deviennent les principaux éléments de décor des folies, riches demeures construites dans la campagne nantaise et des luxueux hôtels particuliers édifiés le long de la Loire, plus particulièrement sur l’île Feydeau et sur le quai de la Fosse. Le « mobilier de port » désigne les meubles en acajou massif produits dans les grands ports de la façade atlantique. Provenant de Cuba, de Saint-Domingue ou de Guyane, l’acajou représente, à Nantes, 18 à 25 % du fret annuel antillais. Les maîtres ébénistes de Nantes, au nombre d’environ 80 à la fin du 18e siècle, apprennent à travailler ce bois aux qualités exceptionnelles et produisent pour la bourgeoisie du négoce, boiseries, lambris, parquets et mobilier dont la grande variété est présentée ici.
À l’étage inférieur, les salles 16 et 17, intitulées « La ville des négociants », montrent que si la ville se pare de modernité, elle n’en est pas pour autant gagnée aux idées nouvelles des Lumières et demeure avant tout une ville de commerce. On crée des Sociétés de lecture fréquentées par l’élite négociante. Il faut y voir un intérêt pour une culture utilitariste, aidant à l’affirmation de son rang social, plutôt qu’un goût pour la pensée révolutionnaire et la contestation sociale. Dans cette ville où les valeurs mercantiles sont fortement promues, l’enseignement est négligé au profit d’une éducation sur le tas, afin que les fils succèdent aux pères au sein de la maison de commerce familial. L’Université, fondée en 1460, a beaucoup de difficultés à se maintenir. Elle est transférée à Rennes en 1591. La faculté de droit subit le même sort en 1735.
Le théâtre propose, outre les pièces célébrées dans toute la France, un répertoire exotique et lointain, conforme aux horizons mercantiles du monde des négociants, qui ont fondé en 1727 l’Académie de musique. En 1788, on joue la pièce de Lescot, La Négresse ou le pouvoir de la reconnaissance, évoquant l’esclavage et la liberté.
De profondes transformations urbaines marquent cette période. Passant de 40 000 habitants au début du 18e siècle à 80 000 au début du suivant, la ville encore toute médiévale, enserrée dans son enceinte, va s’agrandir et se moderniser. De 1755 à la veille de la Révolution, l’enceinte disparaît pour laisser place aux nouveaux projets d’urbanisme proposés par l’architecte Ceineray. Mathurin Crucy achève le programme d’embellissement initié par son prédécesseur. Il propose l’aménagement de nouveaux quartiers, la place Royale, le quartier Graslin, le cours Cambronne et termine l’aménagement des cours à l’est de la cathédrale. Il est aussi l’auteur d’importants bâtiments et monuments publics : la Bourse, les bains publics, la halle à blé, la colonne Louis XVI et surtout le théâtre.
Une reconstitution en 3D de Nantes en 1757, à partir du survol du plan Cacault dressé à cette même date, permet de pénétrer, lors de promenades virtuelles, dans les quartiers les plus significatifs de Nantes, à la veille des grands embellissements de la ville de la fin du 18e siècle.
En complément, un film de 11 minutes montre les grandes réalisations architecturales réalisées entre 1760 et 1850, qui forgent l’identité actuelle de la ville.

Nantes en Révolution
Une passerelle contemporaine reliant les troisièmes étages du Grand Logis et du Grand Gouvernement permet d’enjamber le vide de l’espace des Jacobins, haut de vingt-six mètres. Ce passage permet d’évoquer l’explosion de la tour des Espagnols qui va gravement mutiler le monument le 25 mai 1800. Cette tour sert alors de réserve de poudre. La salle des archives, la chapelle et le logis du Lieutenant du roi, à l’angle nord-ouest de l’édifice sont détruits et jamais reconstruits. Une reconstitution en 3D présente l’état du château en 1800, peu de temps avant l’explosion.
La salle 18, consacrée à la Révolution à Nantes, expose les faits marquants de la période, chronologiquement.
En avril 1789, l’élection pour la composition des états généraux est organisée dans le comté nantais. Nantes estime devoir être mieux représentée que le reste du comté. Finalement, six des huit députés sont nantais.
Destinés au Roi et à l’assemblée, les cahiers de doléances, dont les extraits sont présentés ici, sont imprégnés par les idéaux progressistes de la bourgeoisie négociante de Nantes. Celle-ci cherche en effet à réformer, et non à renverser, une société où son influence grandit.
Le 18 juillet 1789, en écho à la prise de la Bastille (dont un modèle en fer réalisé pour la municipalité de Nantes est présenté ici), les Nantais investissent le château, symbole de l’absolutisme royal, et s’en font remettre les clés.
En septembre 1789, la majorité des paroisses de Bretagne opte pour la création de cinq départements. Celui de Loire-Inférieure est dessiné approximativement sur les contours de l’ancien comté nantais. Les « marches » disparaissent et les paroisses sont transformées en communes. Le négociant Danyel de Kervégan devient maire de la nouvelle Commune de Nantes.
La ville adhère avec enthousiasme aux principes de la Révolution et apparaît comme une ville patriote. Le nouveau pouvoir est en partie accaparé par le négoce. Après les tensions de l’été 1789, les patriotes s’organisent en corps de volontaires armés, donnant naissance à la garde nationale, symbole d’une révolution fraternelle en marche.
Cependant, la situation s’avère plus complexe. Parmi les idéaux révolutionnaires, la question de la traite des Noirs et de l’esclavage divise. L’idée d’égalité, inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, est contestée par les négociants nantais, qui craignent pour leur commerce. Depuis 1789, Nantes affirme son attachement au système esclavagiste. Dans le département, seule la paroisse de Barbechat souhaite, dans son cahier de doléances, la disparition de l’esclavage. En août 1791, le soulèvement des esclaves dans les plantations du Cap-Français à Saint-Domingue et l’insurrection menée dans toute l’île par Toussaint Louverture portent un coup rude au commerce nantais. En février 1794, l’abolition de l’esclavage par la Convention nationale sonne le glas des intérêts nantais aux Antilles.
Après la mort de Louis XVI en janvier 1793, les divisions s’aggravent. La décision de lever 300 000 hommes pour répondre à l’entrée en guerre de l’Angleterre déclenche une guerre civile dans le département et au sud de la Loire. Refusant le tirage au sort, les paysans s’insurgent et forment des bandes armées. Les volontaires et les gardes nationaux tentent de contenir les émeutiers.
En mars, plusieurs centaines de républicains sont massacrés à Machecoul. La Guerre de Vendée commence. Les « Blancs » sont maîtres des campagnes, les « Bleus », républicains, tiennent Nantes et les principales villes de Loire-Inférieure.
L’échec des Blancs devant Nantes, les 28 et 29 juin 1793, signe la première victoire des républicains. En septembre, l’arrivée des troupes d’élite du général Kléber annonce le repli des Vendéens. Défaits à Cholet le mois suivant, les Blancs entament leur longue marche semée de défaites. Le 23 septembre 1793, les Bleus anéantissent le reste de l’armée vendéenne à Savenay.
Cependant, le pays n’est pas pacifié et les prisons nantaises regorgent de détenus. Paris envoie à Nantes le représentant du peuple Jean-Baptiste Carrier.
Ce dernier impose à la ville ses exigences, accusant de contre-révolution les Girondins, les riches négociants et les Vendéens. D’octobre 1793 à janvier 1794, Nantes et le département vivent sous la Terreur. Les exécutions par guillotine, fusillades et noyades en Loire s’enchaînent. Les noyades ont lieu de nuit à bord de barges que l’on saborde. Une peinture anonyme en représente ici une scène, en présence de Carrier.
Une autre scène peinte en 1838 par Auguste-Hyacinthe Debay (1804-1865) représente l’exécution des quatre sœurs de La Métairie et de leur bonne, guillotinées place du Bouffay. Ces images allaient forger la légende noire de Carrier. Pour pacifier la Vendée, la Convention envoie des troupes commandées par le général Turreau, qui se livrent à de véritables massacres. Le rappel de Carrier à Paris, au printemps 1794, met fin à la Terreur et la nomination de Hoche à la tête de l’armée de l’Ouest permet la mise en œuvre d’un plan de pacification de la région. Malgré l’anéantissement à Savenay de l’armée « catholique et royale », Charette, resté au sud de la Loire, réussit à reconstituer une armée.
Au nord du fleuve, les embuscades se succèdent : c’est la chouannerie. Le 17 février 1795, la Convention et Charette signent le traité de paix de La Jaunaye, près de Nantes, mais en juin le conflit est relancé par le débarquement des troupes royalistes à Quiberon. Charette reprend le combat contre la République. Affaibli, isolé, il est finalement arrêté et fusillé à Nantes, place des Agriculteurs (l’actuelle place Viarme), le 29 mars 1796.
L’exécution de Louis XVI en 1793 ouvre les hostilités avec l’Angleterre et la Hollande. Le conflit devient aussi maritime, ce qui modifie considérablement les intérêts des négociants nantais qui ne peuvent armer des navires sans risques.
L’autorisation d’armer des navires pour une guerre de capture des vaisseaux ennemis, la guerre de course, apparaît comme un moyen de substitution qui permet des bénéfices non négligeables. Nantes devient un port de corsaires. Les prises, navire et cargaison, sont vendues au bénéfice de l’armateur. Une affiche signale la vente à Nantes, le 22 messidor an V (10 juillet 1797), du navire anglais La Sophia, venant d’Amérique, et saisi par le corsaire nantais Duguay-Trouin.
Une borne interactive permet au visiteur d’accéder d’une part au récit fictif d’un habitant tenant un journal qui relate les principaux événements de la Révolution à Nantes, et d’autre part d’aller à la recherche des traces historiques de la Révolution dans la ville d’aujourd’hui, ainsi que des lieux célébrant sa mémoire.
Un port industriel et colonial (1815-1940)
La cinquième séquence du parcours est répartie dans huit des salles du Grand Gouvernement et des tours d’entrée, l’une appelée tour de la Boulangerie et l’autre tour du Pied-de-Biche. Ces tours communiquent à chaque niveau avec les salles du bâtiment sur cour.
Intitulée « La recherche d’un nouvel horizon », la salle 19 montre la relance du port après l’arrivée au pouvoir de Louis XVIII, en 1815, qui marque le retour à une période de paix. Dès 1820-1830, les armateurs nantais recherchent de nouvelles routes commerciales. Celles de l’Asie s’imposent dès le retour de la paix. Cependant la consommation de produits exotiques en provenance de l’Inde ou de la Chine demeure encore trop faible. D’autres types d’échanges sont donc recherchés et la véritable relance économique du port de Nantes s’appuie alors essentiellement sur l’industrie sucrière. En 1836, 63 % des sucres importés à Nantes proviennent des îles Bourbon et Maurice, supplantant la production de la Martinique et de la Guadeloupe.
Au début du 19e siècle, Nantes est le deuxième port baleinier de France derrière Le Havre. Malgré cette seconde place, l’investissement nantais reste faible : les profits semblent très aléatoires et la durée des campagnes de pêche trop longues.
Les premiers armements sont organisés dès 1817 par Thomas Dobrée. Une borne interactive dresse le portrait de cet armateur entreprenant qui a fait preuve de nombreuses initiatives dans les domaines du commerce, de la construction navale et de l’industrie.
La salle 20 est intitulée « La traite illégale : la tentation de l’habitude ». Elle montre la reprise de la traite négrière à Nantes malgré son interdiction.
Le 20 mai 1802, Napoléon rétablit l’esclavage, aboli par la Convention le 4 février 1794. La Martinique et la Guadeloupe, tombées sous domination britannique, sont restituées à la France.
Nantes et Bordeaux reprennent alors leurs activités négrières. En 1817, Louis XVIII interdit la traite en France, rendant ce commerce illégal. De 1814 à 1831, Nantes arme 318 navires pour la traite et retrouve sa place de premier port négrier français. Il faut attendre la loi du 27 avril 1848 pour que soit enfin aboli l’esclavage en France. Les procès retentissants, suivis de la confiscation de certains navires nantais, tels La Petite Betsy ou La Vigilante, surpris par la marine anglaise, n’entraînent pas l’arrêt de la traite nantaise.
Les accusations des abolitionnistes à l’égard des armateurs de la ville n’ont pas davantage d’effets.
Le titre de la salle 21, « Une nouvelle prospérité » souligne, à la fin du 19e siècle, le renouveau du trafic maritime, grâce, notamment à la modernisation des moyens de transport. C’est l’épopée des grands voiliers cap-horniers. Construits en fer, ces grands navires de trois ou quatre mâts transportent vers l’Europe le nitrate du Chili, le nickel de la Nouvelle-Calédonie, les bois d’Oregon et la laine d’Australie. Entre 1890 et 1902, 155 grands voiliers sont construits à Nantes et à Saint-Nazaire. Jusqu’en 1863, année marquée par la maladie de la canne à sucre réunionnaise, Nantes est le premier port français pour les sucres exotiques. Après un bref déclin des activités portuaires, les signes d’un renouveau apparaissent à partir des années 1890. Les aides de l’État encouragent la construction navale. En 1896, retrouvant son trafic de 1865, Nantes occupe le sixième rang des ports français.
Commandée par la Chambre de commerce pour l’Exposition universelle de 1900, la grande maquette du port de Nantes participe à la promotion du grand port international de fond d’estuaire. Régulièrement actualisée, la maquette est exposée dans le hall de la Bourse de commerce jusqu’en 1927, puis donnée au musée. En regard de la maquette, des écrans diffusent des images d’archives de 1920, 1949 et 2005, montrant les activités portuaires, puis leur long déclin en centre ville. La vie des hommes à bord des navires et les métiers du port sont illustrés par la présentation de nombreux documents, objets, instruments et outils utilisés par les marins, dockers et portefaix, représentés par des artistes tels que Jules Grandjouan ou René Pinard.
La salle 22, située dans la tour de la Boulangerie, intitulée « Saint-Nazaire, un avant-port ? », est consacrée aux difficultés d’accès au port de Nantes et à ses conséquences. La Loire s’ensable inexorablement. Les Nantais sont donc contraints d’envisager la création d’un avant-port. Le site de Saint-Nazaire, à l’entrée de l’estuaire, est choisi en 1837.
Dès 1856, un premier bassin est ouvert, puis un second en 1881.
Le port donne naissance à une ville nouvelle. Les chantiers de construction navale pèsent désormais fortement sur l’économie locale. On y construit tous les types de navires, mais ce sont les paquebots qui marquent l’histoire de la ville : Normandie en 1932, France en 1960, Queen Mary II en 2004…
L’accès au port de Nantes demeure une obsession pour les négociants nantais, qui voient désormais en Saint-Nazaire une rivale. Il faut donc aménager le fleuve. Projets d’endiguements, de scindements d’îles, de canaux, se succèdent tout au long des 18e et 19e siècles. Le canal de La Martinière, représenté dans cette salle par le dessin aquarellé d’Émile Libaudière, est creusé entre 1882 et 1892. Il contourne la section dite « intermédiaire » où se concentraient les difficultés de navigation. Long de quinze kilomètres, il permet aux navires de six mètres de tirant d’eau d’accéder au port de Nantes. Le succès est éphémère en raison des nouvelles possibilités de dragage du lit de la Loire.
Mis hors d’usage après la Première Guerre mondiale, le canal devient un cimetière de navires.
La salle 23 est consacrée à « L’estuaire industriel ».
À la fin du 19e siècle, plus de trente mille ouvriers et ouvrières travaillent dans les usines de Nantes et de la basse Loire, en grande partie dans les chantiers de construction navale et les entreprises métallurgiques de Basse-Indre, Couëron et Trignac. Les industries agroalimentaires (biscuiteries et conserveries), les usines chimiques, d’engrais et les savonneries recrutent également en masse.
La naissance de la conserverie nantaise est évoquée ici. En 1824, Joseph Colin ouvre son usine rue des Salorges, près du port.
Appliquant à la sardine le procédé de stérilisation inventé quelques années plus tôt par Nicolas Appert, Colin transforme son entreprise artisanale de confiseur en une usine aux méthodes industrielles. Pêchée le long des côtes du département, la sardine devient le principal produit d’une gamme de conserves complétée par la viande ainsi que les légumes fournis par les maraîchers nantais.

Étroitement liée à l’histoire du port de Nantes, la construction navale se développe à partir de 1843 sur l’île de la Prairie-au-Duc, réunissant les Ateliers et Chantiers de la Loire (A.C.L) et les Ateliers et Chantiers de Bretagne (A.C.B).
Des vapeurs sont construits à Nantes depuis 1822 et le premier navire ayant une coque en fer est lancé en 1856. À Saint-Nazaire, le premier chantier est créé en 1862. Tous ces chantiers sont spécialisés dans la construction des grands voiliers en fer, de cargos, de navires de guerre. Saint-Nazaire acquiert une spécialité, les paquebots, dont le célèbre Normandie lancé en 1932. Les industries métallurgiques de l’estuaire alimentent la navale, les raffineries de sucre, les conserveries et les biscuiteries. Les forges de Basse-Indre, créées en 1822, deviennent le premier centre métallurgique de la région. L’entreprise produit de la fonte de fer, puis, à partir de 1888, de l’acier. En 1893, les forges produisent leurs premières feuilles de fer-blanc, destinées principalement aux industries agroalimentaires pour leurs emballages, boîtes à biscuits et conserve.
En 1902, elles prennent le nom d’Établissement J.J. Carnaud et Forges de Basse-Indre. De nombreux ateliers de chaudronnerie prospèrent. Les maisons Lotz, Voruz, Brissonneau produisent du mobilier urbain et du matériel pour le chemin de fer, l’agriculture et les constructions métalliques. À Trignac, les forges et aciéries créées en 1879, approvisionnent les chantiers de Saint-Nazaire.
À Couëron, la principale usine française de cuivre et de plomb est fondée en 1861. Plus de trente mille ouvriers sont employés dans ces secteurs à la fin du 19e siècle. Les conditions de travail sont rudes, les salaires peu élevés et les périodes de récession marquées par le chômage sans indemnités. Une importante communauté bretonne émigre en région nantaise, notamment dans la commune de Chantenay. Parlant breton, s’intégrant difficilement et astreints aux emplois les plus durs, ces nouveaux venus constituent une couche particulièrement défavorisée de la classe ouvrière.
Attirés par un possible succès sur un territoire en devenir, les entrepreneurs, comme Jean-Romain Lefèvre, (le fondateur de Lefèvre-Utile), Maurice Amieux, Charles Cassegrain, Arsène Saupiquet (conserveurs), Nicolas Cézard (raffineur de sucre), Alfred Riom, Jules Joseph Carnaud, (ferblantiers), venus de toute la France s’installer à Nantes, vont passer de la petite fabrique artisanale à l’échelle industrielle.
La salle suivante, intitulée « Nantes, grande ville moderne » montre que l’industrialisation de la ville s’accompagne de transformations urbanistiques et architecturales. Le passage Pommeraye est achevé en 1843 et les grands magasins se développent. En 1851, le chemin de fer arrive à Nantes. Après 1853, il traverse la ville en longeant la Loire, passant devant le château des ducs, avant de rejoindre Saint-Nazaire en 1857.
En 1879, le tramway à air comprimé remplace les voitures à cheval. En 1901, la ville compte 19 kilomètres de voies. L’ensemble du réseau est électrifié en 1917. En 1958, les tramways sont supprimés au profit des autobus jugés plus modernes.
Une partie de la salle 24 et la salle 25, intitulée « Une ville d’art publicitaire », exposent une importante collection d’objets, documents et œuvres d’art liés aux industries des biscuiteries, conserveries, savonneries et raffineries. Les industriels nantais utilisent très tôt la publicité pour améliorer la vente de leurs produits et font appel aux meilleurs artistes de l’époque. Les images publicitaires couvrent d’abord les emballages avant d’envahir les murs des villes. Le Petit Écolier de LU est créé en 1897 par le dessinateur Firmin Bouisset et Alphonse Mucha collabore avec Louis Lefèvre-Utile dès 1896.
Le thème « Vivre à Nantes », amorcé dès la fin du parcours en salle 24 par l’évocation du très populaire carnaval (qui, depuis 1880, a la particularité à Nantes de se dérouler à la mi-carême), est développé en salle 26. L’image de « Venise de l’Ouest » va alors progressivement disparaître en raison de la décision de la municipalité de combler certains des bras de Loire.
Entre 1926 et 1948, les travaux de comblements transforment définitivement le paysage urbain. Certaines îles de Loire disparaissent ainsi que de nombreux ponts, entraînant la fin des petits métiers du fleuve et de la rue tels que les poissonniers ou les blanchisseuses. L’île Feydeau n’est plus une île et le château n’est plus en bord de Loire.
Le pont transbordeur, ouvert au public en 1903, qui relie le quai de la Fosse à l’île Sainte-Anne, devient le signe distinctif de la ville jusqu’à sa démolition en 1958. Le port demeure le sujet principal des artistes qui représentent Nantes, comme en témoignent les œuvres de René-Yves Creston, Jules Grandjouan, Étienne et Jean Bouchaud, Jules Ponceau, Émile Dezaunay, présentées ici.

La nouvelle forme d’une ville (1940-1990)
La sixième séquence du parcours se déploie dans trois salles, dont la première, la salle 27, « Au temps des années noires » est consacrée à la Seconde Guerre mondiale à Nantes. Sa conception a permis d’initier des travaux de recherche et une collecte de documents et témoignages qui donneront prochainement lieu à une importante exposition temporaire dans le bâtiment du Harnachement.
Documents, images d’archives, bornes interactives, témoignages filmés de résistants permettent d’illustrer l’histoire de Nantes, de l’arrivée des Allemands le 19 juin 1940 à la Libération, le 12 août 1944. L’exécution des 48 otages par les Allemands, le 22 octobre 1941, marque l’histoire de cette période et constitue un fort enjeu de mémoire pour la ville. Le procès des 42, la constitution des réseaux de résistance nantais, la collaboration, les bombardements de la ville et du port, les difficultés de la vie quotidienne, la mémoire des otages sont abordés dans cette salle, dont les contenus seront largement développés dans la future exposition temporaire.
Intitulée « De la reconstruction à la désindustrialisation », la salle 28, située au premier étage du bâtiment du Grand Gouvernement, est consacrée aux projets d’urbanisme qui vont transformer Nantes, déclarée ville sinistrée le 4 novembre 1943, et à la période qui va du début des années 1960 au milieu des années 1980, marquée par de profonds bouleversements économiques, sociaux et culturels. La fin de la navale est au cœur d’une mutation radicale de la vie sociale et industrielle nantaise. Concentrations et restructurations vont se succéder à partir des années 1950, accentuées dans les années 1970 par la baisse des commandes de navires au niveau mondial, suite à la crise pétrolière.
Parallèlement, l’industrie agroalimentaire, autre secteur fort de l’économie nantaise, se restructure fortement et devient dépendante de grands groupes internationaux. La métallurgie nantaise subit les mêmes transformations. Le grand port industriel n’est plus. Un de ses symboles disparaît en 1958, le pont transbordeur. En 1966 est créé le port autonome Nantes – Saint-Nazaire. Nantes devient une métropole régionale d’équilibre. Construit sur une commande de l’État, le dernier navire fabriqué à Nantes, le Bougainville, quitte le port le 3 juillet 1987, et marque définitivement la fin d’une époque.
Après la Libération, la vie culturelle et sportive renaît. Le Football-Club de Nantes, créé en 1943, dispute son match le 2 septembre 1945 dans le stade Marcel-Saupin. Les festivités de la mi-carême sont remises à l’honneur, grâce à Aimé Delrue, comédien et animateur, qui reforme en 1947 le comité des fêtes de Nantes. De son côté, la municipalité veut donner une image positive de la ville. En 1945, l’exposition « Nantes, capitale de l’Ouest », au château des ducs de Bretagne, exprime cette volonté d’affirmer la ville dans une aire géographique plus vaste que la Bretagne.
Dans la salle 27, nommée « Une mémoire ouvrière », est projeté un film créé pour le musée, consacré aux conflits sociaux à Nantes. Au travers de quatre dates, 1956, 1955, 1968 et 1987 et la référence au film de Jacques Demy Une chambre en ville (1982), le film évoque, par des images d’archives, l’importance et la violence des conflits sociaux à Nantes, nommée un temps, « la capitale de la grève ». Une borne interactive permet d’avoir accès à des informations et documents concernant les principaux acteurs du monde ouvrier et social à Nantes, du 19e siècle à nos jours, d’Ange Guépin aux « métallos ».
Le mouvement ouvrier nantais est considéré comme pionnier et très actif. La théorie de la grève générale, destinée à mettre fin à l’ordre capitaliste, est adoptée lors du congrès syndical de Nantes en 1884. Elle a été portée par deux grandes figures du mouvement syndical local : Aristide Briand et Fernand Pelloutier.
Nouvellement acquise par le musée, l’œuvre de grand format de Jules Grandjouan, né à Nantes, en 1875, Honte à celui qui ne se révolte pas contre l’injustice sociale, datant de 1910, exprime son engagement politique au côté des ouvriers oppressés par un patronat cupide, les militaires, les juges et les politiques qui servent les intérêts du « grand capital ».

Une métropole atlantique, aujourd’hui et demain
La dernière séquence du parcours est répartie dans trois salles dont les contenus muséographiques présentent un caractère temporaire et seront donc régulièrement renouvelés. Comment aborder, en effet, le passé très récent, le « temps présent » ?
L’« histoire immédiate » a pour caractéristique principale d’avoir été vécue par les historiens qui l’écrivent et par les citoyens qui viennent au musée, d’être cette partie proche, terminale de l’histoire contemporaine. Avec ou sans objets de musée ou archives officielles, l’histoire de Nantes peut et doit continuer à s’écrire, la collecte de documents continuer. Ils sont des sources d’analyse pour aujourd’hui et demain.
Le nouveau musée s’y emploie.
La salle 30, intitulée « La métropole aujourd’hui », s’ouvre sur cette année 1987, date de la fermeture du dernier grand chantier nantais et de la livraison du dernier navire construit à Nantes, le Bougainville, qui marque l’ouverture de la construction d’une nouvelle image, celle d’une métropole dynamique, au tissu économique diversifié, où le secteur tertiaire s’est affirmé, et qui, associée à Saint-Nazaire, compte 850 000 habitants.
Sixième ville de France avec à elle seule 280 000 habitants, elle a connu une croissance de 9 % de sa population entre 1990 et 1999, et son université, réinstallée en 1962, a doublé ses effectifs entre 1980 et 1995.
La période est marquée par une nouvelle politique urbanistique. Le tramway fait un retour remarqué dès 1985, avec l’ouverture de la première ligne. D’autres suivront en 1994, 2000 et une quatrième ligne en 2006, celle du busway. Vaste territoire de 350 hectares, l’île de Nantes connaît une mutation progressive de grande ampleur. Une grande vue aérienne de Nantes, prise par l’IGN en 2005 permet d’observer la ville d’aujourd’hui, complétée par un dispositif interactif qui relate quatre projets urbains en cours de réalisation : l’île de Nantes, la réhabilitation des rives de Loire, les projets d’amélioration des franchissements du fleuve, la transformation du quartier de Malakoff.
Un des aspects marquants de la période est celui du renouveau en matière culturelle et artistique.
En 1992, l’exposition Les Anneaux de la mémoire, présentée au château des ducs de Bretagne, contribue de façon décisive au passage du refoulé, concernant le passé négrier de la ville, à son acceptation. La troupe théâtrale Royal de Luxe s’installe à Nantes en octobre 1989, offrant à ses habitants l’expérience unique de ses spectacles de rue peuplés de géants, girafe, éléphant et autres machines insolites et grandioses.
Le festival des Allumées, de 1990 à 1995, a permis à Nantes de rencontrer chaque année en octobre d’autres grandes villes portuaires du monde : Barcelone, Saint-Pétersbourg, Buenos Aires, Naples et Le Caire, par la musique, la danse, le théâtre ou la peinture. Le festival Fin de siècle invitera en 1998 et 1999 Johannesburg et New York.
Le Lieu Unique ouvre ses portes en l’an 2000 dans l’ancienne biscuiterie LU.
La Folle Journée, créée par René Martin en 1995 attire chaque année jusqu’à 150 000 mélomanes et s’exporte aujourd’hui à Lisbonne, Bilbao et Tokyo.
Depuis 1979, le cinéma tient une place importante grâce à l’initiative des frères Jalladeau, fondateurs du Festival des Trois Continents, qui aide à la promotion de films venus d’Amérique, d’Asie et d’Afrique.
Dans le domaine monumental, les immeubles de l’île Feydeau sont progressivement restaurés, de même que la cathédrale. Quant au château des ducs de Bretagne, quinze années de travaux auront été nécessaires à sa restauration et à son aménagement intérieur et extérieur.
Autre image forte et mythique de Nantes, celle des « canaris » du Football-Club de Nantes, aujourd’hui Football-Club de Nantes Atlantique, et son jeu « à la nantaise », qui, avec le tramway ou Royal de Luxe, ont forgé l’image actuelle de Nantes et l’ont portée au sommet des palmarès des villes françaises ces dernières années dans de nombreuses revues.
La salle 31, située dans la tour de la Boulangerie, intitulée « Et demain ? » présente sous forme de vidéoprojection la croissance de la métropole depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui, et les principaux événements qui vont marquer l’aménagement de son territoire.
Actuellement, les études montrent que la métropole de Nantes est moins un territoire institutionnel qu’un espace évolutif de près de 100 communes, dont certaines appartiennent aux départements du Maine-et-Loire et de la Vendée. Cet espace tend à se développer fortement selon un axe nord-sud en se rapprochant de celui de l’Ille-et-Vilaine. Dès lors, si l’axe de la métropole est l’estuaire de la Loire, le développement récent de l’aire urbaine de Nantes pourrait-il inciter à mettre en doute la pertinence d’une métropole bipolaire Nantes – Saint-Nazaire ? La salle 32, la dernière du musée, est un espace dédié à la création artistique contemporaine avec pour thème la libre interprétation par un artiste de l’histoire de Nantes et des représentations qu’elle véhicule. Pierrick Sorin, vidéaste nantais, ouvre une série de portraits de la ville créés pour le musée tous les deux à trois ans par un artiste différent. Ils viendront constituer à long terme une collection d’œuvres originales et enrichir ainsi le patrimoine tout en nuances de la ville de Nantes.