Été /2020

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édito
Le muscadet, une renaissance !

Le vignoble nantais revit: tombé au plus bas avec les années 1990, il se redresse peu à peu, dans l’orbite de vignerons qui ont toujours cru en leurs vins, initiant aussi le mouvement vers la conversion au bio et, pour les plus audacieux, à la biodynamie. Ce mouvement s’accompagne d’une nouvelle génération de viticulteurs, avec des enfants reprenant l’exploitation familiale ou des nouveaux venus apportant un regard neuf. En parallèle, les professionnels ont engagé un travail de montée en gamme avec la création de crus communaux qui mettent en avant les terroirs du muscadet. Pour le vignoble, plus que jamais, l’heure est au renouveau.


Évidemment, parcourir le vignoble nantais au début des années 1990 pouvait générer de la déprime. Alors jeune journaliste spécialisé dans le vin, Antoine Gerbelle y a rencontré des vignerons refusant de courber l’échine, élevant contre vents et marées des vins de grande qualité alors que le négoce avait depuis longtemps abandonné toute ambition, investissant pour quelques-uns le bio puis la biodynamie. Grâce à ces figures tutélaires – Guy Bossard, Jo Landron et quelques autres, issus également d’une production conventionnelle –, le journaliste et dégustateur a toujours défendu le vignoble nantais (et plus largement le val de Loire) et n’a jamais hésité à mettre en avant ses muscadets dès lors que la bouteille lui racontait une histoire.
Dans l’entretien qui ouvre notre dossier, Antoine Gerbelle revient donc sur le parcours du vignoble depuis une trentaine d’années
: la mainmise du négoce, la chute, puis la renaissance. Il met en garde sur la multiplication des crus communaux, au nombre de dix à terme, et défend une forme de droit à l’essai pour les vignerons: introduction de nouveaux cépages et assemblage du melon de bourgogne avec d’autres cépages. Parce que c’est aussi et d’abord une histoire humaine, un vignoble n’est jamais figé.
La Fédération des vins de Nantes est installée au château de la Frémoire à Vertou, avec d’autres organisations professionnelles du monde du vin
: François Robin, son délégué à la communication, précise les transformations du vignoble. Il évoque l’évolution récente de l’image de ses vins, la montée en gamme à travers les crus communaux, la relation avec Nantes qui n’ignore plus ses vins, les effets de la crise sanitaire…
La parole est aux vignerons
: premier à s’exprimer, Michel Bedouet du Pallet, fils et petit-fils de viticulteurs, qui a failli tout abandonner, prisonnier d’un système et arrivé au bout. Pour lui aussi, des rencontres avec des collègues passés au bio ont été déterminantes. Il a engagé la conversion de son exploitation en 2010 et produit aujourd’hui des vins de grande qualité. Entouré de ses enfants auxquels il passe le relais, Michel Bedouet rayonne: «Passer au bio a changé ma vie.»
Ils sont un indispensable trait d’union entre les vignerons et les consommateurs
: les cavistes ont joué un rôle non négligeable dans la réhabilitation du muscadet et des vins du vignoble nantais. Jean-Luc Danto, du Tastevin à Saint-Nazaire, a d’autant plus de mérites à avoir défendu et promu les muscadets qu’il s’est lancé lorsque les vins du vignoble étaient au plus bas, déconsidérés… Plus de trente-cinq ans après, il raconte avec fierté et les mots d’un discours amoureux ces rencontres avec des vignerons qui n’ont jamais renoncé.
Voilà huit années, nous avions publié un numéro de
Place publique Nantes/Saint-Nazaire avec un dossier consacré au relations entretenues par Nantes et le vignoble: un glossaire, «Les mots du vignoble nantais», travail exhaustif réalisé par deux géographes, Nicole Croix et Michèle Guyvarc’h, y figurait. Nous en reprenons de larges extraits, actualisés et illustrés de dessins inédits – et toujours caustiques – signés de Frap, qui sévit habituellement dans les éditions du quotidien Presse-Océan.
Laurent Dejoie est vice-président de la région des Pays de la Loire et a été maire de Vertou, la porte du vignoble, durant trois mandats. Il connaît ce territoire comme sa poche et sa profession de notaire lui permet un regard aiguisé sur les enjeux en cours. Il raconte comment le tourisme, s’appuyant sur le vin, a permis d’instaurer un dialogue entre le vignoble et Nantes.
Coup de jeune sur le vignoble. La journaliste Julie Reux s’intéresse à ces jeunes qui s’installent ou s’investissent dans le domaine familial. Ils se retrouvent au sein d’un groupe des jeunes vignerons du Muscadet, misent sur le bio, imaginent de nouvelles cuvées et, finalement, participent à redessiner ce vignoble qui en avait bien besoin.
Autre vigneron, autre regard
: nous sommes allés à la rencontre de Maxime Cormerais – qui a repris le domaine de son père Bruno, à Saint-Lumine-de-Clisson: nous voulions savoir et comprendre comment un viticulteur a vécu le confinement. Maxime Cormerais a raconté sans fard à Thierry Guidet ce qu’a été cette période et les leçons qu’il en tire.
La proximité de l’agglomération nantaise et de pôles économiques comme la région choletaise ou le nord de la Vendée fait que le vignoble attire de nouveaux habitants. Cette pression démographique joue sur la géographie et les paysages. Pour mesurer leur transformation, le Syndicat mixte du Schéma de cohérence territoriale et du Pays du Vignoble nantais a mis en place un observatoire photographique du paysage. Sept «
unités paysagères» ont été identifiées. Des sites y seront photographiés à intervalles réguliers, permettant d’appréhender les évolutions. Clotilde Dupé-Brachu, attachée de conservation du territoire, et Jonathan Retière, chargé de mission pour le Schéma de cohérence territoriale, expliquent les ressorts de l’opération.